À l’occasion de sa 118ème édition, le Tour de Lombardie prenait la direction de Côme. Un an après les adieux mémorables de Thibaut Pinot à Bergame, c’est de cette même ville que le dernier Monument de l’année s’élançait aux alentours de 10h30 ce samedi, pour un long périple de 255 kilomètres pimenté de huit ascensions. Avant l’enchaînement Madonna del Ghisallo-Colma di Sormano dans la deuxième moitié de course, un départ corsé se présentait face aux coureurs, avec une série d’ascensions à compter du kilomètre 20. Dès la première d’entre elles, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ s’est mise en évidence par l’intermédiaire de Rémy Rochas, alors que la lutte pour l’échappée était encore vive. « Il était prévu qu’on soit représenté dans des gros coups pour essayer d’avoir un petit coup d’avance », exposait Thierry Bricaud. « On avait pour objectif d’encadrer David au maximum, et ça commençait par prendre un coup d’avance pour des coureurs comme moi, confirmait Rémy. C’est ce qu’on a parfaitement fait. J’ai durci dès le premier col pour essayer de sortir. On s’est fait bien mal avec Kelderman, c’est heureusement rentré de l’arrière, mais ça a quand même mis du temps à sortir car UAE ne laissait pas vraiment faire ». Sept coureurs ont d’abord formé l’échappée, qui s’est étoffée à treize hommes, avant qu’un nouveau contre, comprenant Rudy Molard, s’initie dans le Selvino. « Je n’avais pas prévu de m’échapper, mais quand j’ai vu que ça relançait avec des coureurs comme Arensman et Benoot, j’ai décidé d’accompagner », disait l’intéressé.

Au final, ce sont vingt-deux coureurs, et pas des moindres, qui ont pu constituer le groupe de tête après quasiment deux heures de course. « Ça a été une journée vraiment dure devant, on ne s’est jamais trop regardé et on a essayé de creuser au maximum car on savait qu’il nous fallait beaucoup d’avance avant le final », ajoutait Rudy. « On a eu une équipe engagée et offensive à l’image de Rudy et Rémy, saluait Thierry. C’était une bonne chose. On aurait aimé avoir un peu plus de marge de manœuvre, ça ne s’est pas passé comme on l’aurait souhaité mais ça fait partie du jeu ». Si le peloton a été relégué à près de cinq minutes à 100 bornes du terme, il a en revanche repris sa marche en avant dès le pied de la Madonna del Ghisallo. L’écrémage s’est enclenché, et il n’y avait plus que deux minutes d’écart au sommet, que Rudy Molard franchissait en tête. « Il y a quelques années, je n’avais pas disputé le sprint et j’avais plus tard vu un coureur de l’échappée sur le podium avec un beau trophée, souriait le puncheur tricolore. J’avais l’occasion de passer devant, et pour moi, la Madonna del Ghisallo, sa chapelle, c’est mythique. J’aime ce rapport avec l’histoire. Et puis ça ne me coûtait rien de faire le sprint pour aller chercher ce beau trophée ». Assuré de repartir avec un souvenir du Tour de Lombardie, Rudy Molard n’en est pas resté là pour autant. Il a tenté une première offensive dans la transition précédant la Colma di Sormano, puis a remis ça une fois les treize kilomètres d’ascension à 6,5% entamée.

Il a rapidement été rejoint par Rémy Rochas, et le duo de la Groupama-FDJ a haussé le ton pendant les premiers kilomètres de montée alors que le peloton se faisait de plus en plus pressant. À un peu moins de cinquante bornes du terme, les derniers survivants de l’échappée ont finalement rendu les armes, et Tadej Pogacar a profité de l’occasion pour déclencher une attaque à laquelle personne n’a pu répondre. Alors que Romain Grégoire avait cédé quelques instants plus tôt, David Gaudu a lui pris place dans un deuxième groupe de contre. « On relayait tous, tout le monde a joué le jeu car tout le monde avait intérêt que le groupe continue d’avancer », disait David. À la suite d’un regroupement en direction de Côme, le coureur de la Groupama-FDJ a attaqué l’ultime montée, celle de San Fermo della Battaglia, dans une groupe d’une petite dizaine d’hommes luttant pour la sixième place. Quelques kilomètres plus loin, sur la ligne, il s’est finalement battu pour la huitième et a obtenu la neuvième après un sprint en comité réduit. « Il m’a manqué une heure de course pour jouer à 100% dans le final, disait-il. Comme au championnat du monde. Je m’en sors avec une neuvième place, je pense que ce n’est quand même pas mal si on regarde avec qui j’arrive. Personne ne cracherait sur un top-10 dans un Monument, même si on en veut toujours plus. Je termine la saison sur une très bonne note. Elle aurait été excellente si j’étais arrivé pour le podium ».  

« C’est un bon top-10 qui reflète sa fin de saison », ajoutait Thierry Bricaud. Vainqueur du Tour du Jura et d’une étape du Tour de Luxembourg, sixième de la Vuelta, David Gaudu se prêtait à un bilan rapide après avoir enlevé son dernier dossard en 2024. « On s’était fixé quatre objectifs cette saison, concluait-il. Le premier était le Tour, qui n’a pas été bon. Le deuxième était de lever les bras à nouveau, ce que j’ai fait deux fois. Le troisième était de faire une saison complète de février à octobre, ce que j’ai fait (86 jours de course, ndlr). Le quatrième était de rejouer des classements généraux sur une semaine et trois semaines. Je l’ai fait sur la Vuelta, au Luxembourg, et dans une moindre mesure sur le Tour Romandie et le Critérium du Dauphiné. Trois des quatre objectifs ont donc été complétés. Ce n’est certes pas ma meilleure saison, mais il y a quand même des résultats, et ça va me servir de tremplin pour l’année prochaine. On peut partir en vacances sereinement ».

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