Une journée de « montagnes russes » s’annonçait ce dimanche en Lombardie tout autour de Lissone. Sur les 168 kilomètres prévus au programme des coureurs, seuls les vingt premiers et les trente derniers ne comprenaient pas de relief. Le reste constituait en un circuit accidenté à répéter quatre fois, avec les montées consécutives de Sirtori (1,5 km à 5,6%), du Colle Brianza (3,7 km à 6,3%) et de Lissolo (2 km à 6,6%). « On s’attendait à une course très rapide et nerveuse dès le départ, introduisait Romain Grégoire. Toute l’équipe a pris toute la course du bon bout, et en voyant un gros mouvement d’une vingtaine de coureurs se former, je n’ai pas hésité longtemps à y aller ». « Il y a d’abord eu une première petite échappée avec Rémy, puis un gros contre est rentré avec Romain et Lorenzo, précisait Thierry Bricaud. Quasiment tous les hommes forts du jour étaient là, sauf Marc Hirschi ». En tête, le collectif Groupama-FDJ a donc tenté de faire fructifier cette configuration de course. « C’était une situation idéale pour nous, car on avait piégé le gros collectif d’UAE Team Emirates, et ce sont eux qui me faisaient le plus peur ce matin, reprenait Romain. Collectivement, c’était très bien. On a assumé, notamment avec Lorenzo qui a roulé une grande partie du temps en tête de groupe pour essayer de garder ce coup d’avance. C’est vraiment la façon dont j’aime courir, quand les mecs sont là, autour de moi à l’avant, et qu’on prend les choses en main. Ça me donne vraiment confiance, et un boost supplémentaire pour le final ».

L’écart entre ce premier groupe et le « peloton » a constamment oscillé entre trente secondes et une minute, mais les cartes ont été redistribuées lorsque Marc Hirschi a opéré la jonction dans l’avant-dernier tour du circuit. « Sur un tracé comme celui-ci, c’est la jambe qui parle et Hirschi a réussi à faire le jump en milieu de course », confiait Romain. Une petite trentaine d’hommes a finalement attaqué le dernier tour en tête, et Rémy Rochas a immédiatement relancé en compagnie de quatre coureurs. « L’idée était d’avoir toujours un coup d’avance dans l’optique d’aller gagner, d’avoir quelqu’un devant pour ne pas rouler derrière, et d’avoir aussi un relais pour Romain si ça rentrait, disait Thierry. C’est ce qu’il s’est passé, les gars ont montré beaucoup d’envie ». Dans l’avant-dernière ascension du jour, Marc Hirschi a mis les gaz, seuls trois hommes ont pu accrocher sa roue, dont Romain Grégoire, mais l’ensemble du groupe s’est finalement reformé avant la toute dernière côte. Dès le pied, le favori helvète a remis ça, et le Franc-Comtois a de nouveau parfaitement répondu. Les quatre mêmes coureurs se sont alors dégagés, avec Paul Lapeira et Alex Aranburu. « On savait qu’à la pédale, Romain serait là », tranchait Thierry. Le quatuor a franchi le sommet avec une vingtaine de secondes sur le reste de la concurrence, et est même brièvement devenu un trio.

Un temps décroché, Aranburu a toutefois pu faire son retour dans la descente, et le groupe de tête s’est alors engagé dans une course-poursuite d’environ trente kilomètres. Leur avantage a d’abord passé la minute, mais il est ensuite tombé à vingt secondes seulement. « Les quatre avaient une petite pointe de vitesse, et c’est pourquoi ça s’est un peu regardé, expliquait Thierry. Ça a permis au contre de revenir très près. Il fallait rester serein, et Romain l’a été. Le problème est que les 35 derniers kilomètres étaient dépourvus de difficultés. Lapeira avait aussi deux équipiers derrière et jouait un peu dessus pour ne pas trop rouler. Aranburu avait montré ses limites donc ne roulait pas trop non plus. Hirschi et Romain avaient vraiment la volonté que ça aille au bout. Ils n’avaient aucun intérêt à ce que ça rentre, et ils savaient aussi qu’ils étaient forts, et ils en ont donc fait un peu plus ». « Je n’avais pas envie que ça rentre, mais j’avais aussi confiance en mon sprint, soufflait Romain. Hirschi étant l’ultra favori, j’espérais que les autres lui laissent faire l’effort si j’attaquais. J’ai accéléré à quelques reprises, mais si je voyais que quelqu’un me prenait tout de suite en chasse, je m’arrêtais aussitôt parce que je voulais quand même assurer le final et un beau résultat ».

Le coureur de la Groupama-FDJ a ainsi brièvement tenté dans une légère pente à huit kilomètres, puis sur le plat à cinq bornes, mais Marc Hirschi ne lui a jamais laissé le moindre espace. Alex Aranburu a tenté de tromper son monde dans les trois dernières bornes, mais le quatuor s’est finalement réuni pour un sprint en petit comité. « Je pense avoir bien manœuvré dans le sprint, disait Romain. Aranburu a lancé de très loin, puis Lapeira à son tour et j’ai pris la roue d’Hirschi à 400-500m. Je n’avais plus qu’à le déboiter, mais c’est la jambe qui a parlé et il était tout simplement un peu plus fort ». Sur la ligne, le jeune homme de 21 ans a donc hérité de la deuxième place. « Je pense que je peux en être satisfait, je pense avoir fait une belle course, concluait-il. Je n’ai pas grand-chose à regretter, même si je suis forcément déçu de faire deuxième car j’étais là pour gagner ». « C’est un résultat qui lui fait du bien, ajoutait Thierry. Nous, on voit qu’il a encore passé un cap cette saison, mais ça ne se traduit pas spécialement dans les résultats, dans le sens où il n’a pas beaucoup gagné. Même si ce n’est pas une victoire, ça reste une belle deuxième place. Il reste encore les Trois Vallées Varésines mardi et le Tour de Lombardie ensuite. L’idée est d’en gagner une avant de partir en vacances ».

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