La très bonne vague sur laquelle il surfait depuis près d’un mois a finalement abouti au moment tant recherché. Ce dimanche, David Gaudu a confirmé ses excellentes dispositions en s’adjugeant la dernière étape du Tour de Luxembourg, dans un final intense et disputé dans la capitale du Grand-Duché. Vainqueur en solitaire grâce à une attaque explosive à un kilomètre du but, le Breton a ainsi décroché son deuxième succès de la saison, et il a par ailleurs pris place sur le podium final de l’épreuve (3e). Une très belle journée avant les derniers rendez-vous de l’année.
La semaine de course au Luxembourg arrivait à son terme ce dimanche avec un dernier acte de 177 kilomètres vers la capitale et pas moins de 3000 mètres de dénivelé à arpenter. Rien n’était donc fait concernant le classement général, d’autant que le circuit final, à couvrir trois fois, apparaissait plutôt dynamique avec deux difficultés sur tout juste onze kilomètres. Pour autant, les hostilités ont débuté bien plus tôt dans la journée. Dès le départ de Mersch, sur une première partie de course accidentée, les hommes forts se sont distingués. « Van der Poel n’avait que deux équipiers, on s’attendait donc à une grosse bagarre, racontait Benoît. Mais puisque la meilleure défense, c’est l’attaque, Van der Poel a lui-même attaqué et mis un gros bazar. Ils sont sortis à dix-sept avec quasiment tous les mecs du général ». Bien présent aux côtés de ses rivaux, David Gaudu s’est lui contenté de « suivre les roues » en attendant l’accalmie. Celle-ci est finalement intervenue après soixante-dix bornes, et trois hommes ont alors formé la véritable échappée, que le peloton a maintenue à portée de fusil. « On voulait être devant avec Valentin mais il n’a pas réussi à faire la jonction, ajoutait David. On a alors attendu, et les gars ont fait un travail incroyable toute la journée pour me maintenir en bonne position ».
« Il fallait prendre tous les risques », Benoît Vaugrenard
Sur le circuit final, avant-même le premier passage sur la ligne, le peloton a clairement haussé le ton et la formation UAE Team Emirates a tenté de mettre le feu au poudre dès le premier passage sur la bosse abrupte (800m à 9%) située à tout juste un kilomètre de l’arrivée. La sélection s’est temporairement effectuée, mais le paquet s’est ensuite reconstitué et les premiers contres ont fait rage. Le duo échappé a lui finalement résisté jusqu’au tour suivant, lorsque Marc Hirschi et Mathieu van der Poel ont accéléré. David Gaudu a rejoint les cadors au sommet après avoir subi une cassure, et a donc entamé la dernière boucle avec ses principaux concurrents tandis que la course s’avérait pour le moins débridée. « On savait qu’on devait anticiper, reprenait Benoît. On avait fini un peu frustrés vendredi, car on s’était fait avoir par le marquage. On s’était dit qu’il fallait prendre tous les risques aujourd’hui pour gagner, et ne pas attendre la dernière montée. On voulait tenter le tout pour le tout dans le dernier tour, quitte à tout perdre, mais on ne voulait pas se contenter d’une septième place au général. On se doutait que Van der Poel et Hirschi allaient se marquer, et c’est exactement ce qu’il s’est passé. David a su bien en profiter, mais c’est aussi parce qu’il était très fort. Le dire est une chose, le réaliser en est une autre ».
Grâce à une accélération incisive à huit bornes du terme, à l’entame d’une montée davantage roulante, David Gaudu a pu prendre place dans un quatuor de tête avec Antonio Tiberi, Quinn Simmons et Jordan Jegat. « J’étais à plus de 30 secondes au classement général donc je voulais anticiper avant la dernière montée, confiait David. Je me sentais vraiment bien aujourd’hui, et je me suis retrouvé avec Tiberi, qui était vraiment très fort. J’ai joué sur le fait qu’il était devant moi au général pour m’économiser un peu dans les parties descendantes et roulantes ». Le groupe de tête a pu se forger une avance d’une trentaine de secondes en prenant la direction de l’ultime côte du jour, et ainsi envisager la victoire plus clairement. Dans la roue de Tiberi au pied de l’ascension, David Gaudu a savamment patienté avant de produire son effort final. « Au sprint, je savais que c’était perdu, donc dans la dernière montée je me suis dit : je mets tout dans les 300 derniers mètres, jusqu’en haut, et avec l’euphorie, ça tiendra jusqu’à l’arrivée, racontait David. C’est ce qu’il s’est passé ». « J’étais assez confiant, même si Simmons me faisait un peu peur car il n’avait pas roulé, glissait Benoît. Mais David était vraiment très fort, et quand je l’ai vu sortir, j’ai compris que c’était bon ».
« J’ai envie de profiter de ma forme », David Gaudu
Grâce à une nouvelle attaque tranchante, le Breton a petit à petit pris ses distances avec ses trois compères de fuite, et les a finalement nettement décrochés avant de plonger vers l’arrivée. Au terme d’un dernier kilomètre bien maîtrisé, il s’est imposé en solitaire dans l’étape de clôture du Tour de Luxembourg, et a donc eu tout le temps de célébrer comme il se doit cette deuxième victoire de la saison. « C’est juste génial, lâchait-il immédiatement après la ligne. Ça fait un moment que je suis en forme, et ça n’avait pas marché comme on l’espérait vendredi. C’est un super sentiment aujourd’hui. J’ai passé un an et demi difficile, et je pense que pour un coureur, franchir la ligne d’arrivée en premier est la plus belle chose au monde ». « C’est avant tout mérité, ajoutait Benoît. On a eu droit à un David au sommet de son art. Il est sorti en bonne forme de la Vuelta, et il y avait des chances qu’il soit bien, voire très bien ici. Ça s’est vérifié au fil des jours ». Grâce à un bel écart sur la ligne, le Breton s’est qui plus est invité sur le podium final, en troisième position derrière Tiberi et Van der Poel. « On venait pour gagner une étape et bien figurer au général, complétait Benoît. On finit de la meilleure des manières, on peut donc dire que le bilan est très bon ».Pour David Gaudu, il s’agit enfin d’une belle consécration après une Vuelta très aboutie mais dépourvue de victoire d’étape. « Il était sur la pente ascendante, et non descendante, donc on savait que ça pouvait être très intéressant après la Vuelta, concluait Benoît. C’est le cas. Il a maintenant un gros objectif dimanche prochain sur les Mondiaux, où il peut avoir une belle carte à jouer compte tenu de sa forme. Il sera dans le coup, c’est certain, reste à voir la stratégie. C’est en tout cas de bon augure pour les courses qui arrivent ». « On a une très belle Équipe de France et j’ai hâte de voir le briefing que va nous concocter Thomas [Voeckler], disait l’intéressé. Je suis hyper motivé, et le capital confiance est bien là. Après les Mondiaux, il y aura les classiques italiennes. J’ai envie de profiter de ma bonne forme jusqu’en Lombardie, et dès la semaine prochaine ! »