C’est au sommet du fameux Cuitu Negru (19 km à 7%) que la deuxième semaine du Tour d’Espagne devait donc prendre fin ce dimanche. Là-haut, à plus de 1800 mètres d’altitude, des rampes à plus de 20% attendaient les coureurs après cent-quarante kilomètres de course. Qui plus est, trois autres difficultés garnissaient cette quinzième étape, et la première d’entre elles, l’Alto de la Colladiella (6,5 km à 8%) a semé le chaos après tout juste une trentaine de bornes. L’échappée n’avait alors pas encore obtenu son bon de sortie, et le peloton a complètement explosé, au point de ne retrouver qu’une quinzaine d’hommes en son sein à l’approche du sommet. « Le départ a été pour le moins tonique, confirmait Thierry Bricaud. Ça a été un peu fou car on est assez vite arrivé au pied du premier col et les favoris se sont dégagés assez rapidement, simplement car c’était difficile. Il y a eu pas mal de mouvements de course avant qu’une échappée ne parvienne à partir avec Quentin et Stefan. On avait la volonté d’avoir un coup d’avance, qui aurait éventuellement permis à David de récupérer du soutien à l’approche du final s’il avait été un peu en difficulté ». L’échappée ne s’est donc clairement détachée qu’après soixante kilomètres, et le duo franco-suisse s’est notamment vu accompagner d’une quinzaine de coureurs dont Pavel Sivakov, Aleksandr Vlasov, Jay Vine, Dani Martinez, Jack Haig ou autres George Bennett et Lorenzo Fortunato.

« On a mis une cartouche dans le vent », David Gaudu

Le peloton n’a toutefois pas complètement relâché la pression, puisqu’il a maintenu un écart d’environ deux minutes trente pendant le reste de la journée. L’échappée, réduite à sept hommes dont les deux membres de la Groupama-FDJ, a malgré tout pu entamer l’ascension finale avec un avantage de trois minutes. Dès lors, Sivakov a opéré le forcing au train, et Stefan Küng puis Quentin Pacher ont été contraints de laisser filer tour à tour malgré une belle résistance. « J’espérais leur tomber dessus sur le replat avant la partie très raide du final, confiait David. Ça a failli le faire pour Quentin, mais on l’a repris un kilomètre trop tôt ». Après dix bornes d’ascension, le peloton ne consistait plus qu’en une petite douzaine de coureurs, et la première estocade est intervenue à environ six kilomètres du sommet. David Gaudu a pu y répondre, mais les favoris n’ont pu se départager à cet instant de la course. « C’est monté très vite dès le pied, racontait David. J’ai peut-être fait une erreur de suivre Landa lorsqu’il a attaqué, mais ma ligne directrice était de m’accrocher jusqu’à ce replat car je savais que ça pouvait ensuite nous emmener très loin s’il y avait des équipiers. Malheureusement on s’est un peu posés, et on a mis une cartouche dans le vent ». « David a toujours été bien présent, puis l’explication s’est faite sur les rampes finales très difficiles », abondait Thierry.

« Ça augure une dernière semaine un peu folle », Thierry Bricaud

Les rescapés de l’échappée les ont entamées avec une bonne marge sur le groupe maillot rouge, duquel Primoz Roglic a très vite tenté de se détacher. « C’était un match d’hommes à hommes, disait Thierry. C’était tellement difficile que chacun s’est retrouvé à sa place puis est monté à son rythme, mais les pentes sont tellement élevées qu’il est difficile de créer de gros écarts ». Légèrement décroché, David Gaudu n’a toutefois pas craqué dans ces trois derniers kilomètres à 13% de moyenne et aux passages approchant les 20%. Sur la ligne, il a donc signé la dixième place du jour, la septième parmi le groupe des favoris, à trente-trois secondes d’Enric Mas et Primoz Roglic. « Il a fait une solide montée, il est toujours dans le coup pour faire un bon général et c’est là l’essentiel, disait Thierry. D’un point de vue comptable, c’est une bonne opération ce soir car il gagne deux places (7e, ndlr), mais ce n’est pas loin non plus derrière lui. Ça augure une dernière semaine un peu folle car il y a pas mal d’arrivées difficiles et il y aura une belle bagarre pour aller chercher les accessits ». « C’est une journée réussie, confiait David. Je pense qu’on aurait été contents si on nous avait dit que je serais septième du général avant la deuxième journée de repos. C’est plutôt de bon augure mais on va rester concentrés jusqu’au bout ».

Place désormais à une journée de repos avant un gros morceau mardi vers le Lacs de Covagonda, où un certain Thibaut Pinot avait triomphé en 2018.

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