Comme de coutume dans le Limousin, le profil ne dit pas tout de la difficulté d’une étape. Ce mardi, le peloton était ainsi invité à relier Boisseuil à Auzances sur 174 kilomètres et sans grande difficulté au menu du jour. Pourtant, les routes casse-pattes de la région portaient le dénivelé positif de l’étape à plus de 2600 mètres, ce qui n’annonçait donc en rien une journée paisible pour les coureurs. Elle l’a d’autant moins été en raison d’un départ tonitruant, et de la formation d’une échappée très dangereuse incluant Valentin Madouas. « S’il y avait une belle composition d’échappée, on préférait avoir un coureur devant plutôt qu’avoir à rouler derrière sur ce Tour du Limousin, indiquait Benoît Vaugrenard. Valentin n’était pas forcément le coureur désigné pour y aller, mais il a vu l’ouverture et il y est allé. Au final, c’était tout aussi bien de l’avoir devant car toutes les grosses équipes avait une belle carte dans l’échappée ». « Il n’était pas du tout prévu que je sois à l’avant aujourd’hui, confirmait l’intéressé. C’est en filtrant un peu pour Paul que je me suis retrouvé devant. C’était un très bon coup avec de très bons coureurs, donc il y avait de grandes chances que ça puisse aller loin ». Un groupe de neuf s’est donc constitué avec l’ancien champion de France mais aussi Gorka Sorarrain Agirrezabala (Caja Rural-Seguros RGA), Alexis Gougeard (Cofidis), Alex Baudin, Jordan Labrosse (Decathlon AG2R La Mondiale), Obie Vidts (Intermarché-Wanty), Rayan Boulahoite (TotalEnergies) et Louis Barré (Arkéa-B&B Hôtels).

L’échappée eut toutefois beau se former, un véritable bras de fer s’est installé dans le temps. L’écart n’a ainsi franchi la minute qu’après trente kilomètres de course, et il n’est jamais monté bien au-delà. Plusieurs équipes se sont logiquement unies pour ne pas se faire piéger et la bataille à distance s’est entretenue tout au long de l’étape. « Devant, ça s’est bien passé, on a bien tourné, même si la collaboration aurait pu être encore meilleure », confiait Valentin. Il a en tout cas profité de sa présence en tête pour gratter une puis trois secondes de bonifications lors des deux premiers sprints intermédiaires. À soixante-dix kilomètres de la ligne, le peloton a effectué un sérieux rapproché, à trente secondes, mais l’échappée a également haussé le ton tout en se délestant de ses maillons faibles. Au premier passage sur la ligne à Auzances, à trente-cinq bornes du but, l’échappée comptait encore une demi-minute d’avance et cette marge s’est stabilisée avant les deux dernières bosses du jour. Après avoir récolté deux nouvelles secondes de bonifications en route, Valentin Madouas a continué d’être le moteur du groupe de tête, réduit à quatre petites unités. « Louis Barré avait disputé les bonifications et craignait peut-être Valentin et Baudin, donc il a décidé de ne plus relayer, expliquait Benoît. On savait que ce serait compliqué quoi qu’il en soit car le peloton n’était que vingt secondes derrière, mais ils ont fait un beau petit raid ».

Le quatuor a pu franchir la première bosse du final avec une petite avance, mais dans la seconde, les grandes manœuvres ont débuté dans le peloton et les meilleurs puncheurs ont vite repris le groupe de tête. Valentin Madouas n’a pu accrocher les roues, mais après une séquence très animée, tout a fini par se regrouper à cinq kilomètres de la ligne. Le peloton s’est alors mis en ordre de marche pour un sprint en faux-plat montant, et Paul Penhoët s’est logiquement mêlé à la bagarre. « Il y a eu un gros travail de Cyril pour le placer jusque dans le dernier kilomètre, mais Paul avait essayé de boucher un trou au sommet de l’ascension précédente car une échappée dangereuse était en train de se former, commentait Benoît. Il a peut-être payé cet effort dans le final. Dans les 500 derniers mètres, il a calé et il était trop juste pour faire un beau sprint ». Le jeune Français n’a donc pu batailler avec Orluis Aular pour la victoire et a terminé au-delà du top-10. Valentin Madouas a lui terminé dans le gros du paquet, dans le même temps. « Les sensations étaient vraiment bonnes en début de course, j’étais plus dans le dur pour finir, mais je suis vraiment content de la forme, disait-il. J’espérais que ça aille au bout, mais il manquait peut-être quelques difficultés pour qu’il y ait moins de coureurs pour rouler derrière ».

Grâce aux secondes engrangées, le puncheur tricolore occupe ce mardi soir la quatrième place du général, à quatre secondes d’Aular. « On est là grâce aux bonifications, et c’est une bonne chose, mais on espérait un meilleur sprint et on est passés à côté, concluait Benoît. C’est donc une journée mitigée. Le leader a une équipe solide et il ne sera pas évident à détrôner ». Le terrain ne manquera pas, néanmoins, sur le reste de la semaine, et ce dès demain. « Il y a une série de six côtes dans les soixante dernières bornes, et avec le mauvais temps annoncé, il risque d’y avoir du spectacle, annonçait Benoît. Ça va être une grosse journée ». « Il faut maintenant bien récupérer, demain est un autre jour, mais j’espère qu’on sera encore offensifs », ponctuait Valentin.

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