Pour sa dernière course sur route de l’année, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a fait forte impression lors de Paris-Tours ce dimanche. Et Lewis Askey, membre de l’échappée matinale, est passé tout près de concrétiser un fabuleux numéro et un remarquable travail collectif. Isolé en tête à quarante kilomètres du but, le Britannique a longtemps résisté aux poursuivants et au peloton, avant que quatre hommes dont Olivier Le Gac ne le rejoignent à dix kilomètres de l’arrivée. Ce petit groupe a tenu tête au reste de la meute, et la victoire s’est décidée au sprint après un ultime relais du coureur breton. Lewis Askey a lâché ses dernières forces, mais cela n’a pas suffi à ravir la victoire, revenue au jeune Américain Riley Sheehan. C’est malgré tout par un beau podium que le jeune Anglais a mis un terme à sa saison sur l’Avenue de Grammont.
Au lendemain des adieux émouvants de Thibaut Pinot au cyclisme professionnel, une partie du peloton international s’apprêtait lui à clore sa saison 2023 ce dimanche sur Paris-Tours. À l’instar de ces dernières années, la 117ème édition de l’épreuve comprenait des chemins de vigne en plus des habituelles côtes, sur un kilométrage total d’environ 214 kilomètres. En revanche, le vent était absent ce dimanche, et les bordures régulièrement observées par le passé étaient donc pour l’occasion exclues. C’est d’ailleurs avec un plan de bataille précis que l’Équipe cycliste Groupama-FDJ s’est élancée de Chartes sur les coups de midi. « On avait décidé de mettre un mec dans l’échappée matinale, en espérant qu’elle soit le mieux composée possible afin d’aller le plus loin possible, exposait Frédéric Guesdon. Ça a bagarré un moment, une trentaine de kilomètres, puis ils sont sortis à cinq et on en avait un dedans. Sam et Laurence étaient plutôt désignés, mais c’est Lewis qui s’est retrouvé devant ». « Je me sentais vraiment bien aujourd’hui et j’étais ultra prêt pour cette course, confiait Lewis. Dans le bus, tout le monde me disait d’ailleurs de me calmer un peu tellement j’étais excité (rires) ». En tête, le Britannique de 22 ans a trouvé la compagnie de Théo Delacroix (St Michel-Mavic-Auber 93), Maxime Jarnet (Van Rysel-Roubaix Lille Métropole), Axel Narbonne Zuccarelli (Nice Métropole Côte d’Azur) et Joseph Rosskopf (Q36.5), et ils ont ensemble pu aborder les premières difficultés, gravillonneuses ou ascendantes, avec une marge de trois minutes d’avance sur le peloton.
« Je suis dégoûté de ne pas avoir fini le travail », Lewis Askey
Lewis Askey est demeuré avec ses collègues échappés pendant quelques kilomètres supplémentaires, mais à plus de 45 bornes du terme, s’est isolé naturellement. « J’étais vraiment facile toute la journée, poursuivait Lewis. Malheureusement, les autres n’étaient pas aussi bien et je me suis retrouvé tout seul après l’un des premiers secteurs. J’ai essayé d’attendre, mais au final, je me devais de continuer. C’est un peu dommage car s’ils avaient été mieux, l’échappée aurait pu aller au bout ». « On avait décidé de mettre un coureur devant, et on en avait un, reprenait Frédéric. Ensuite il fallait contrôler et accompagner les coups qui sortaient en contre. On avait aussi Paul, qui lui attendait le sprint au cas où. On pouvait jouer sur plusieurs tableaux, et c’était très intéressant ». Un temps intercalé dans un petit groupe, Olivier Le Gac a repris sa place dans le peloton mais les offensives ont continué d’affluer de toute part. La Groupama-FDJ est parvenue à ne pas se faire piéger alors que Lewis Askey poursuivait son numéro solitaire à l’avant. À l’entame de l’avant-dernier chemin de vigne, à vingt-trois kilomètres du but, le Britannique comptait encore 45 secondes d’avance tandis qu’Olivier Le Gac accrochait un nouveau wagon de poursuite. « Olivier était vraiment fort, il a fait une belle course », saluait Frédéric Guesdon. À ce deuxième échelon, le Breton n’a évidemment pas collaboré avec ses trois compagnons de chasse, mais les écarts se sont resserrés à l’approche de l’ultime côte, à dix kilomètres du terme, et il a alors tenté de faire le jump en solitaire sur son coéquipier. Il n’a malheureusement pu se défaire de ses concurrents, et c’est donc un groupe de cinq qui a abordé la dernière portion rectiligne vers Tours, trente secondes devant ce qu’il restait du peloton.
Il a en revanche fallu entretenir la collaboration en tête. « Je n’ai pas réussi à sortir dans la dernière bosse, puis on a parlé avec Lewis et il m’a dit qu’il se sentait bien pour le sprint donc j’ai collaboré pour ne pas se faire reprendre dans le final », expliquait Olivier. « C’était quasiment du tableau noir, confiait Frédéric. On pensait que Lewis était le plus rapide, il n’a pas pris de relais, il a pu se refaire la cerise et se concentrer sur le sprint ». « C’était super qu’Olivier revienne dans le final, ça m’a permis de récupérer dans les dix derniers kilomètres », confirmait Lewis. Dans un âpre bras de fer, le peloton est parvenu à revenir à tout juste quinze secondes, mais la main d’œuvre a ensuite manqué face à une échappée résistante. Grâce à une bonne entente, les cinq hommes ont pu entrer dans le dernier kilomètre avec la victoire en vue, puis Olivier Le Gac s’est sacrifié pour son jeune compère. « J’étais sur le point d’anticiper le sprint à 500 mètres de l’arrivée, mais je me suis fait un peu piéger, racontait Lewis. Ensuite, un autre coureur a lancé alors que j’étais en train de freiner, ce qui m’a contraint à un gros effort. J’ai failli tactiquement sur la fin. C’est toujours facile à dire après, mais je sentais que j’avais les jambes pour gagner même si j’avais des crampes partout. C’est ma faute, et je suis dégoûté de ne pas avoir fini le travail pour Olivier ». Dans un sprint à l’arrachée, le Britannique n’est ainsi pas parvenu à dépasser l’Américain Riley Sheehan, surprise du jour. Olivier Le Gac a pris la cinquième place sur la ligne et Paul Penhoët la 5e du peloton, soit la dixième du jour.
« On peut partir en vacances en ayant fait une belle journée », Olivier Le Gac
« On est malheureusement tombés sur plus rapide, c’est le seul regret de la journée, commentait Frédéric. On met trois dans les dix premiers, cinq arrivent dans le premier groupe, les deux autres ayant crevé. Collectivement, on a répondu présent. Il n’y avait pas grand-chose de plus à faire. On aurait forcément aimé gagner, ça ne s’est pas fait, mais tactiquement c’était parfait. On a loupé aucun coup, notre coureur échappé joue dans le final et c’était l’objectif. On ne voulait pas mettre un mec dans l’échappée juste pour se montrer. On le mettait pour la gagne. C’est dommage pour Lewis, qui n’a pas encore connu la victoire mais qui tourne autour. S’il continue comme ça, il n’y a pas de raison qu’elle n’arrive pas. Il a passé un cap avec la Vuelta et le potentiel est clairement là ». Rendez-vous est quoi qu’il en soit pris pour le jeune Anglais en vue des prochaines années. « J’adore ce genre de courses et dans la tête, je suis toujours super motivé, ajoutait-il. Paris-Roubaix, le Tro Bro Leon, Paris-Tours : c’est pour ce genre de courses que je fais du vélo, et ça doit certainement permettre de gagner quelques watts supplémentaires ». Et le capitaine de route Olivier Le Gac de conclure : « On a fait une belle course collective, c’est dommage de ne pas gagner, mais on n’a pas de regrets. Lewis mérite d’en gagner une. Il est souvent dans la bagarre et ça va lui sourire à un moment. En tout cas, on peut partir en vacances en ayant fait une belle journée, staff comme coureurs ».
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