Une découverte presque parfaite

La saison des Grands Tours est officiellement close. Dans les rues de Madrid ce dimanche, le rideau est tombé sur le Tour d’Espagne 2023 avec la victoire de Kaden Groves et le sacre de Sepp Kuss au classement général. L’Équipe cycliste Groupama-FDJ est arrivée au complet dans la capitale ibérique, et avec un bilan plus qu’honorable. Avec six anciens coureurs de « La Conti » dans ses rangs, dont cinq néophytes sur un Grand Tour, la formation tricolore a fait sa place lors des trois dernières semaines, et ses jeunes ont non seulement crevé l’écran mais aussi engrangé une expérience inestimable pour l’avenir.

« On a tiré le meilleur de ce groupe », Benoît Vaugrenard

Trois semaines après son contre-la-montre par équipes extrêmement abouti à Barcelone (5^e), la jeune escouade Groupama-FDJ a ce dimanche rallié Madrid au terme de 3153,8 kilomètres. Lors de l’ultime étape consacrée aux hommes rapides, Kaden Groves s’est imposé et Lewis Askey a obtenu la 14^e place. Le bilan comptable de la formation hexagonale en Espagne affiche ainsi onze top-10, dont deux places de dauphin par l’intermédiaire de Romain Grégoire et Lenny Martinez, mais aussi et surtout le port du maillot rouge pour ce dernier pendant deux journées. À l’heure de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur, le directeur sportif référent Benoît Vaugrenard se voulait résolument positif. « On partait avec une équipe de jeunes mais sans complexe, resituait-il. On voulait être dans le match d’entrée et c’est ce qu’on a réussi à faire. On a été excellents lors des dix premiers jours, avec notamment le maillot rouge de Lenny et sa deuxième place. Je retiens aussi la manière dont ils ont couru : toujours à l’avant, sans appréhension. Ils évoluaient à côté des grands, la startlist était impressionnante, mais j’ai été marqué par leur façon d’aller au combat. Je retiens vraiment le fort collectif. Certes, au bout du compte, il nous manque une victoire d’étape, mais je pense que nous avons mis les ingrédients pour aller la chercher. On est simplement tombés sur plus fort à chaque fois et on a manqué peu d’échappées qui pouvaient nous intéresser. On a tiré le meilleur de ce groupe, on ne pouvait pas faire mieux. Il n’y a vraiment pas de regrets. Ou alors, c’est la défaillance de Remco Evenepoel au général, qui a changé la donne et compliqué la tâche dans les échappées ».

« Ils se sont découverts sur beaucoup d’aspects », Benoît Vaugrenard

Si les satisfactions sont nombreuses pour l’équipe la plus jeune du plateau, Benoît Vaugrenard reconnaît un « petit coup de mou » à mi-parcours, lorsque Lenny Martinez a notamment rétrogradé au général : « On a senti que ça devenait plus difficile en deuxième semaine, la vitesse est montée d’un cran et les étapes de montagne étaient plus dures avec des délais assez courts. Ils ont vraiment eu besoin de soutien. Il a fallu retrouver des ressources et des objectifs pour les remettre dans le match, puis ils se sont remis et se sont aperçus que tout le monde était dans le dur ». De cela ont résulté quelques leçons importantes. « Je pense que les jeunes se sont découverts sur beaucoup d’aspects, poursuivait Benoît. Ils ont notamment réalisé qu’on pouvait jouer quelque chose en étant fatigué. C’est quelque chose qu’ils ne savaient pas forcément. Lors de la troisième semaine, ils ont réussi à aller chercher des résultats et aller dans les échappées, ce qu’ils ne s’imaginaient pas capables de faire en deuxième semaine. Quand on a mal aux jambes c’est la tête qui dicte, et surtout, tout le monde est dans la même situation. On peut donc faire plein de choses en ayant mal aux jambes. On était là pour travailler pour l’avenir, et cette Vuelta va leur faire franchir un palier important pour leur progression. Cela devrait leur apporter un plus dès l’année prochaine. Ils vont acquérir cette caisse qu’ils n’avaient peut-être pas encore tous au niveau WorldTour. Je suis certain qu’ils franchiront encore un cap ».