C’est de manière ultra-intensive que les coureurs ont repris la route de la Vuelta ce mardi. Dans une seizième étape très courte (120 kilomètres), Romain Grégoire a d’abord bien cru intégrer la bonne échappée du jour, mais les compteurs ont été remis à zéro après quarante kilomètres de bagarre. Finalement, c’est le peloton qui s’est joué la victoire dans la bosse finale, et Michael Storer, costaud et opportuniste, est parvenu à enlever la quatrième place au sommet. Jonas Vingegaard l’a emporté en solitaire et Sepp Kuss a conservé le maillot rouge alors que le peloton prendra mercredi la direction du terrible Alto de l’Angliru.
C’est une reprise singulière qui attendait les coureurs ce mardi en Cantabrie, au lendemain de la deuxième journée de repos du Tour d’Espagne. D’Est en Ouest, de Liencres Playa à Bejes, ils n’avaient en effet que 120 kilomètres à parcourir, et une seule difficulté à affronter, à la toute fin. La montée de Bejes (5km à 8,5%) figurait ainsi comme le juge de paix de l’étape, mais une autre bagarre tout aussi importante était prévue en début de course. « C’est parti sur les chapeaux de roue et on s’en doutait de par la longueur de l’étape et la pluie au départ, expliquait Benoît Vaugrenard. On voulait être acteurs d’entrée de jeu car on savait qu’un groupe pouvait partir tôt, et pour espérer gagner, ça passait par l’échappée ». Pleinement investi dans cette mission, Romain Grégoire est parvenu à se porter en tête après une poignée de kilomètres en compagnie de neuf coureurs, parmi lesquels Andreas Kron, Romain Bardet, Max Poole, Andrea Piccolo, Kaden Groves ou Matteo Sobrero. « Je sentais que ça pouvait partir vite, on est sortis à dix, avec du beau monde et je pensais que ça allait le faire, relatait le jeune Bisontin. Mais derrière, Ineos n’était pas représentée et a donc roulé. L’écart est resté un moment à trente secondes, c’est monté à quarante-cinq et je me suis dit : ils vont bien s’arrêter à un moment. Mais non ». Après un bras de fer de quarante kilomètres, tout était donc à refaire, au grand dam du jeune homme de la Groupama-FDJ. « J’étais quand même un peu dégoûté car c’était un beau coup, ajoutait-il. Je n’ai pas fait énormément de courses WorldTour, mais à la télé, j’ai rarement vu des groupes de dix se faire reprendre. Tant pis ».
« Ça valait le coup d’essayer », Michael Storer
Quoi qu’il en soit, une nouvelle course a démarré à 80 bornes du terme, et la bataille pour l’échappée a repris de plus belle, pendant une trentaine de minutes. Lorenzo Germani s’est un temps porté en tête, mais ce sont finalement six hommes, sans représentant de la Groupama-FDJ, qui ont pris les rênes à moins de soixante kilomètres du but. « Plus on se rapprochait de l’arrivée, plus on a compris que Jumbo-Visma voulait jouer la gagne », confiait Benoît. Et l’équipe néerlandaise s’est donc assurée de maintenir l’écart autour de la minute pendant toute la dernière heure de course, ne laissant donc aucune chance aux fuyards. En vue de la montée finale, la Groupama-FDJ est également remontée dans les premières positions pour favoriser les desseins de Michael Storer. « Je me sentais bien donc j’ai pensé que ça valait le coup d’essayer dans la dernière montée », indiquait l’Australien. Le peloton est arrivé à toute allure dans l’ultime bosse, et s’est tout aussi rapidement écrémé par l’arrière. Michael Storer et Romain Grégoire ont réussi à s’accrocher dans un groupe d’une vingtaine d’unités, mais à quatre kilomètres du sommet, Jonas Vingegaard s’est isolé suite à une attaque tranchante. Derrière lui, le reste du groupe n’a pas réagi immédiatement, et l’Australien de la Groupama-FDJ a donc joué son va-tout en contrant quelques hectomètres plus tard.
« On a mis les ingrédients qu’il fallait », Benoît Vaugrenard
Le récent vainqueur du Tour de l’Ain s’est ainsi détaché, et il est resté intercalé jusqu’au sommet. Il n’a pu reprendre Vingegaard et Fisher-Black, partis bien avant lui, et s’est présenté dans la dernière ligne droite avec Wout Poels pour la troisième place. Le Néerlandais l’a devancé dans les ultimes mètres et Michael Storer a donc hérité de la quatrième place du jour, à cinquante-cinq secondes du vainqueur. « Je peux être content de ma quatrième place aujourd’hui, j’ai fait de mon mieux et Jonas était tout simplement trop fort », disait l’Australien. « Michael a fait du bon travail et a obtenu une bonne place, ajoutait Benoît Vaugrenard. Il faut aussi souligner le gros travail de toute l’équipe aujourd’hui. Ils ont été acteurs, dans le match, et c’est ce qu’on leur avait demandé. Ils ont tous contribué à l’objectif d’aller chercher l’étape. On est battus par plus fort mais on a mis les ingrédients qu’il fallait ». Romain Grégoire a pour sa part conclu sa solide journée par une honorable dix-septième place au sommet de Bejes. « Je me sentais bien aujourd’hui donc je me suis dit que ça valait la peine de suivre dans la dernière bosse pour faire une vraie journée à fond », disait le Franc-Comtois de 20 ans. Mercredi, la Groupama-FDJ repartira avec un état d’esprit similaire malgré un morceau très ardu au menu. « C’est l’étape mythique de l’Angliru, ponctuait Benoît. On ne sait pas comment ça va se passer, mais on sait que Remco sera encore déchaîné. On va regarder ça de plus près et décider de quelle stratégie adopter demain ».
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