C’est par un contre-la-montre crucial que le Tour d’Espagne reprenait ses droits ce mardi à Valladolid. Troisième du classement général au matin de cette dixième étape, Lenny Martinez aspirait avant tout à perdre le moins de temps possible sur ses adversaires au classement général. La mission a été accomplie pour le jeune homme de 20 ans. Au terme des vingt-six kilomètres du parcours, il a ainsi concédé 2’29 au vainqueur Filippo Ganna et 2’13 à Remco Evenepoel, s’octroyant la 30e place du jour et ne rétrogradant qu’au cinquième rang du général. Avant une nouvelle arrivée au sommet dès demain, il pointe à 2’02 du maillot rouge Sepp Kuss. Vers la Laguna Negra de Vinuesa, il n’étrennera en revanche plus le maillot blanc.

Vingt-cinq kilomètres huit-cents étaient au programme pour le retour aux affaires des coureurs sur la Vuelta ce mardi, à l’occasion d’un contre-la-montre déjà important pour les hommes du général. Unique épreuve individuelle chronométrée de ce 78e Tour d’Espagne, il favorisait les gros braquets. « Sur la carte, il avait l’air très technique sur la première partie, mais au final, l’ensemble du chrono était fait pour les spécialistes, entamait Nicolas Boisson, entraîneur de l’équipe, et de Lenny Martinez en particulier. C’était vraiment très roulant, même si la première partie incluait quelques courbes et cette petite bosse (500m à 7%) qui cassait bien l’allure. Ensuite, c’étaient deux grands allers-retours de 7-8 kilomètres ». Avant que l’ancien maillot rouge Lenny Martinez ne prenne le départ, peu avant 17 heures, l’ensemble de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a donc défilé sur la rampe de lancement entre 14h08 et 16h19. Romain Grégoire a lui pris la dixième place provisoire à son arrivée. « Il ne l’a pas fait à 200% mais il s’est bien appliqué, indiquait Nicolas. Quant aux autres, on leur avait dit de faire le chrono tranquille. Ce n’est pas forcément notre habitude, mais ils ont beaucoup donné dans la première semaine, avec notamment la protection du maillot blanc et du maillot rouge. Ils ont été au charbon tous les jours. Après le repos lundi, ce chrono servait de remise en route pour eux. Il y a encore un gros morceau qui nous attend et il ne faut pas oublier que Romain, Sam, Lorenzo et Lewis découvrent un Grand Tour. Chaque petite économie d’énergie compte. Il était important de saisir cette opportunité ».

« J’avais vraiment peur d’exploser », Lenny Martinez

En lice pour le classement général, Lenny Martinez ne pouvait lui se permettre ce relatif répit. À 16h58, deux minutes après le champion du monde du chrono Remco Evenepoel, le grimpeur cannois s’est donc élancé pour 26,8 kilomètres à fond. « Avec Lenny, on s’inscrivait dans la continuité des précédents chronos, expliquait Nicolas. Il a toujours eu beaucoup de motivation à bosser le contre-la-montre depuis le début de saison, et c’est pour ça qu’il les a toujours faits à 100%. Aujourd’hui, c’était vraiment une mise en application de tout ce qu’il a pu faire par le passé. Il devait défendre le maillot blanc et cette place sur le podium du général. L’objectif était de perdre le moins de temps possible ». Sur un terrain pas à sa faveur, il a alors franchi le premier intermédiaire avec 1’05 de retard sur la référence Evenepoel, le deuxième intermédiaire avec 1’40 de débours, pour finalement rejoindre l’arrivée en 30’08, soit à 2’29 du vainqueur Filippo Ganna et 2’13 du champion belge. « Je n’étais pas dans une super journée aujourd’hui, confiait Lenny. C’était vraiment dur, je n’avais pas trop de force, mais je ne prends pas un « tir » non plus. J’avais vraiment peur d’exploser au vu des sensations. Entre deux minutes et deux minutes trente, c’est le tarif pour un grimpeur de cinquante kilos comme moi face au champion du monde. C’est normal. Au final, c’est positif, car je pensais vraiment que ça allait être bien pire au vu des sensations sur le vélo ».

« Au niveau de la position, c’est son meilleur chrono de l’année », Nicolas Boisson

Trentième de l’étape, Lenny Martinez a d’ailleurs devancé son compère Romain Grégoire d’une position et de deux secondes. « Lenny a fait le chrono à 100%, comme tous ceux qu’il a faits depuis le début de l’année, ajoutait Nicolas. Je trouve qu’il fait un très bon chrono. Il ne perd pas tant que ça sur un tel circuit. Terminer à 2’30 d’un des meilleurs coureurs du monde et à 2’15 d’Evenepoel sur ce contre-la-montre, c’est vraiment très bien. Le temps est bon, mais son chrono est également abouti techniquement. Au niveau de la position, c’est son meilleur chrono de l’année. Il a parfois eu tendance à se désunir dans l’effort, alors que c’est resté propre jusqu’au bout aujourd’hui. La grosse satisfaction, c’est aussi qu’il est toujours dans le top 5 au général après dix jours de course, un chrono et des bordures ». Grâce à sa performance du jour, Lenny Martinez n’a en effet perdu que deux rangs et son maillot blanc au classement général ce mardi. Il occupe désormais la cinquième place à 2’02 de Sepp Kuss, toujours leader de l’épreuve. Demain, c’est déjà le retour des arrivées au sommet. Au terme de la onzième étape, il faudra rejoindre la Laguna Negra de Vinuesa (6,5 km à 6,7%) pour une véritable course de côte. « D’ici la fin de la Vuelta, il y aura peu de jours où Lenny pourra souffler, mais on s’est dit qu’on tenterait, pour découvrir ce que c’est que de jouer le général d’un Grand Tour, concluait son entraîneur. Si un jour, par malheur, ça se passe moins bien, tant pis, mais il restera appliqué jusqu’à la fin ».

1 commentaire

Claude martelet

Claude martelet

Répondre

Le 6 septembre 2023 à 01:14

Cette performance est remarquable lenny assure. Lequipe l’est tout autant. Et augure pour l’avenir…avec economie en relation avec l’age .