Crédit : Giro Ciclistico Internazionale della Valle d’Aosta
Leader du Tour de la Vallée d’Aoste à l’issue de sa victoire en solitaire jeudi vers Courmayeur, Joshua Golliker n’a pas été en mesure de s’accrocher à son paletot jusqu’au terme de l’épreuve. Largement distancé samedi lors de l’étape reine, le jeune Britannique a en revanche rebondi de la plus belle des manières à l’occasion du dernier acte dimanche. D’abord présent dans une échappée aux côtés de Colin Savioz, l’Anglais de 19 ans a ensuite filé seul à cinquante kilomètres du but, avalé deux grandes ascensions, et terminé en vainqueur à Breuil-Cervinia après un numéro singulier. Il s’est ainsi octroyé son deuxième succès en quatre jours, Colin Savioz a pris place sur le podium de l’étape et Brieuc Rolland a quant à lui assuré le top-10 au général (8e). Une semaine plus que satisfaisante pour « La Conti Groupama-FDJ ».
« C’était l’occasion d’apprendre », Jérôme Gannat
C’est donc paré de jaune, au lendemain de sa première démonstration solitaire, que Joshua Golliker a pris le départ depuis Saint-Vincent vendredi, en direction de l’arrivée en altitude à Bionaz. « C’était une longue étape, avec des cols longs mais pas très raides, ce qui pouvait lui correspondre, présentait Jérôme Gannat. On avait décidé de défendre le maillot, car un maillot se respecte, et c’était aussi l’occasion d’apprendre de ce point de vue. C’était la première fois que ça nous arrivait cette saison ». Les jeunes hommes de « La Conti » ont alors laissé partir cinq hommes et dicté l’allure au sein du peloton par l’intermédiaire de Ronan Augé et Colin Savioz. La course s’est enflammée un instant à mi-parcours, mais Thibaud Gruel a remis un peu d’ordre, et le groupe des favoris était donc groupé au pied de la montée vers Bionaz (16 km à 5,5%). « Il y a eu plusieurs attaques, en particulier de Darren Rafferty et Alexy Faure Prost, relatait Jérôme. Joshua a été une première fois en difficulté à dix kilomètres du sommet, il a réussi à revenir, mais il a ensuite cédé du terrain dans les trois derniers kilomètres ». Dix-septième de l’étape, un rang derrière son coéquipier Brieuc Rolland, le Britannique a alors lâché plus d’une minute face aux principaux prétendants du général, mais a toutefois conservé le leadership pour dix-neuf secondes. « L’objectif de la journée était de défendre le maillot, et c’était donc mission accomplie », soutenait Jérôme.
Le lendemain, dans l’étape reine affichant près de 4500 mètres de dénivelé, cinq ascensions répertoriées, et une nouvelle arrivée au sommet, la gestion s’est avérée plus difficile. « Notre démarche était différente, on voulait laisser la responsabilité aux favoris car on avait montré nos limites, assurait Jérôme. Thibaud a réussi à prendre l’échappée, mais dès la descente du premier col, Rafferty est sorti du peloton. Derrière, c’était un peu compliqué car on n’était plus que quatre depuis l’abandon de Ronan la veille. On voulait que d’autres équipes viennent rouler, mais ça n’a pas été vraiment le cas et l’échappée a pris sept minutes d’avance ». Dans les deux dernières ascensions, d’environ dix kilomètres à 9%, le peloton a mis en marche et Joshua Golliker a été contraint de s’écarter dès l’avant-dernière difficulté. « Il a cédé, mais c’était presque logique, nuançait Jérôme. C’est un baroudeur qui grimpe bien, pas un pur grimpeur. L’étape correspondait un peu moins à ses caractéristiques ». Le Britannique a dès lors cédé beaucoup de terrain et terminé à douze minutes du nouveau maillot jaune Darren Rafferty, rétrogradant au seizième rang du général. Brieuc Rolland a davantage limité la casse, en prenant la treizième place de l’étape, conservant donc la huitième position du général avant l’ultime étape dimanche.
« Je voulais montrer que ma victoire d’étape n’était pas un coup isolé », Joshua Golliker
Dépossédée de la pression du maillot jaune, « La Conti » n’avait dès lors plus qu’une ambition sur les 100 kilomètres menant à Breuil-Cervinia. « On se doutait que l’échappée avait de grandes chances d’aller au bout, et pour nos trois coureurs encore en course, l’objectif était de la prendre, affirmait Jérôme. Ça a mis du temps à se faire, mais c’est parti dans une bosse au bout de vingt kilomètres. Joshua est passé premier en haut, devant Colin, dans un petit groupe de neuf ». Bien que peu dangereux au général, les hommes de tête n’ont bénéficié que de quatre minutes d’avance au maximum. Alors, à peine le pied de l’ascension de Champlong (15 km à 7%) abordée, Joshua Golliker a mis les gaz. « Il a décidé de partir tout seul, à cinquante bornes de l’arrivée, souriait Jérôme. On a vite remarqué qu’il allait bien, donc on l’a laissé faire, et je pense que les autres ne roulaient pas assez pour lui. Il a basculé au sommet de ce premier col avec deux minutes sur un quatuor comprenant Colin, qui ne collaborait pas, et 3’30 sur le peloton ». Les écarts étaient sensiblement identiques avant la montée finale de Breuil-Cervinia (16 km à 6%). « On savait que le vent aurait son importance, et il était de dos, précisait Jérôme. Dans son style caractéristique, concentré et en force, Joshua n’a alors quasiment pas perdu de temps sur le peloton ».
À l’instar du deuxième jour, le Britannique s’est donc fendu d’un superbe raid solitaire et de nouveau épaté son monde pour accrocher un deuxième succès d’étape, Colin Savioz s’octroyant lui la troisième place au sommet et Brieuc Rolland la douzième. « Je n’ai pas réalisé ma meilleure course samedi, j’ai perdu le maillot jaune et je me suis dit que j’avais une nouvelle chance de faire quelque chose aujourd’hui, confiait Joshua après l’arrivée. J’ai essayé autant que je le pouvais, j’ai tout donné. En passant la ligne, j’étais quand même sous le choc. Je ne m’attendais pas à rebondir aussi fort, mais j’étais en colère envers moi-même après l’étape de samedi et je voulais montrer que ma victoire d’étape n’était pas un coup isolé. Ce succès est encore plus beau que le premier. Les deux étaient incroyables, mais celui-ci représente davantage ». « Dès l’arrivée samedi, il nous avait dit ‘’demain c’est pour moi’’, confiait Jérôme. Il a joint le geste à la parole. Ça reste quoi qu’il en soit impressionnant, car il a fait cinquante bornes devant seul, mais c’est sans doute dans cette configuration qu’il s’exprime le mieux, comme je l’avais déjà dit jeudi. Il aime l’effort solitaire et a les capacités pour. Il est endurant, très vaillant et on sait qu’il ne va rien céder quand il est devant ».
« Ça va mettre tout le monde en confiance », Jérôme Gannat
En dehors des deux victoires d’étapes du jeune Anglais, « La Conti » repart du Tour de la Vallée d’Aoste avec deux autres podiums d’étapes, avec Brieuc Rolland et Colin Savioz, et la huitième place au général grâce au Breton. « C’est un tournant pour nous cette année, car on attendait de gros résultats sur les courses de montagne, concluait Jérôme. Il nous manquait ce genre de victoires dans des courses difficiles d’un certain niveau. C’est aussi une révélation pour Joshua. Il a pris conscience de ses possibilités et va encore progresser. Colin n’avait pas non plus vraiment eu l’occasion de montrer son potentiel de grimpeur. Dimanche, il a eu l’opportunité d’être dans l’échappée et de jouer les premiers rôles. C’est important, car il a 19 ans et c’est sa première performance, son premier podium. C’est encourageant. Ça va mettre tout le monde en confiance et il faut continuer dans cette direction : être offensifs et saisir les opportunités comme cette semaine ». « Je pense que cette course va me donner énormément confiance, j’ai beaucoup appris durant cette semaine, j’ai grandement progressé, ponctuait Joshua. Je suis vraiment très heureux de ma performance. J’espère maintenant pouvoir maintenir ce niveau lors des prochaines courses ».
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