Dimanche dernier, les coureurs Espoirs ont lancé leur propre « Giro », censé se disputer sur huit étapes. À l’occasion des quatre premiers actes dans le Nord de l’Italie, « La Conti » Groupama-FDJ s’est plutôt mise en évidence à travers deux top-20, deux top-10 ou bien encore une échappée. Au lendemain de la terrible ascension du Stelvio, soit à mi-chemin dans l’épreuve, Brieuc Rolland figure au quatorzième rang du classement général. La fin de semaine devrait encore proposer de belles opportunités aux jeunes hommes de l’équipe bisontine.
C’est à Agliè, au Nord de Turin, que 35 équipes et 175 coureurs avaient rendez-vous dimanche dernier pour la « Grande Partenza » du Giro Next Gen, nouvelle appellation du Tour d’Italie Espoirs. Comme pour leurs aînés un mois auparavant, un exercice chronométré devait ouvrir les débats. « Il n’était pas long (9,4 km), ni vraiment technique, expliquait Jérôme Gannat. Il y avait une grande ligne droite très roulante avec le vent de dos mais le retour était assez exigeant car légèrement montant sur une route qui ne rendait pas beaucoup. La différence s’est surtout faite là ». Le champion d’Europe de la discipline Alec Segaert a fait respecter son statut en s’imposant en 10 minutes et 45 secondes. Meilleur représentant de La Conti dans ce premier acte, Thibaud Gruel a concédé 30 secondes et terminé en 19e position. « Il avait fait une première partie de chrono très rapide, précisait Jérôme. Il était passé troisième à l’intermédiaire et il est resté troisième. Il a en revanche bien coincé dans le final. Il aurait pu envisager le top-10 avec une meilleure gestion. On n’avait pas énormément de recul sur ce qu’on pouvait attendre, car c’était le premier chrono auquel on participait cette année, mais la performance d’ensemble était bonne ». Lundi, filant plein Sud, le peloton devait rejoindre Cherasco après une deuxième moitié de course vallonnée. « On sait par expérience que la première étape est souvent décousue car peu d’équipes veulent prendre la course en main, enchaînait Jérôme. L’objectif était donc d’aller dans l’échappée. Colin a réussi à la prendre, malheureusement ils n’étaient que quatre. Le final était compliqué avec un enchaînement de côtes et il y a une course rapide qui a très vite condamné l’échappée. Pour Colin, c’était une bonne expérience, et c’était bien qu’il soit là, qu’il réponde présent ».
« On sent qu’on est sur le Baby Giro », Thibaud Gruel
Distancé de l’échappée dans la dernière heure de course, Colin Savioz a notamment été récupéré en route par Gil Gelders, sorti du peloton et qui est parvenu à terminer en solitaire. Le paquet a fini à six secondes du Belge, et Thibaud Gruel s’est emparé de la septième place du jour. « La consigne était de préparer le terrain pour Thibaud car le sprint lui convenait bien avec un kilomètre de bosse à 5% puis 500 mètres de plat pour rejoindre la ligne, détaillait Jérôme. Il a bien abordé la bosse, il n’a pas pu attaquer mais il était troisième au sommet. Il s’est simplement fait enfermer dans le dernier virage. Il lui a manqué un petit truc mais c’est bien pour l’expérience. Il n’a que 19 ans. Avec un peu plus d’agressivité il aurait peut-être pu faire une meilleure place ». « C’était journée difficile, ça a tout le temps bataillé et c’était usant avec la chaleur, expliquait à son tour l’intéressé. J’ai fait une belle dernière montée et c’est une arrivée qui me correspondait. Malheureusement, un mec est arrivé tout seul pour la victoire, mais j’étais troisième dans le dernier virage avant d’être bloqué par deux coureurs de la Soudal-Quick Step. Je n’ai pas pu faire le sprint que j’aurais voulu mais j’ai donné tout ce que j’avais. En tout cas, on sent qu’on est sur le ‘’Baby Giro’’, ça roule vite et tout le monde veut gagner. La forme est là, je suis assez content du résultat sachant qu’on a fait une belle course d’équipe. C’était une bonne journée et de bon augure pour la suite ».
La suite, c’était une étape de 146 kilomètres quasiment toute plate pour rejoindre Magenta, pour le probable premier sprint massif de l’épreuve. « C’était une journée classique, racontait Jérôme. Cinq coureurs ont pris les devants et ça a énormément temporisé. Ils ont eu jusqu’à sept minutes d’avance puis l’équipe du leader a commencé à rouler, mais Colin a aussi participé à la chasse car on pensait à l’arrivée au sprint pour Noah. C’est rentré progressivement, le dernier coureur a été repris à deux bornes de l’arrivée ». Désigné leader pour la journée, Noah Hobbs est donc entré en action dans un final sous tension. « Je me suis senti bien dès le départ, et j’ai passé la journée à essayer de m’économiser en vue du final, confiait le coureur anglais. Le placement pour le sprint a commencé assez tôt, à environ 20 kilomètres de l’arrivée. Tout le monde était nerveux, ça frottait énormément. L’équipe a fait du bon boulot pour me ramener devant, mais c’était très dur car on se faisait constamment enfermer dans la boule, et on devait remonter de nouveau. Ça nous a demandé beaucoup d’énergie ». « Le placement était important avec un dernier virage à 450 mètres, complétait Jérôme. Trinity a très bien emmené pour Lamperti alors que Noah était seul pour les derniers kilomètres ». Le Britannique a malgré tout pu entamer la dernière ligne droite avec l’opportunité de jouer les premiers rôles. « Je n’étais pas dans une position idéale à la sortie du virage et j’ai fait quelques erreurs, nuançait-il toutefois. J’ai trop hésité à lancer. Cela m’a peut-être couté quelques positions ». À l’arrivée, Noah Hobbs s’est finalement adjugé « une belle cinquième place », de la bouche de Jérôme Gannat. « C’est un très bon résultat au vu du plateau, et c’est aussi un coureur de 19 ans qui fait face à des gars qui ont un peu plus d’expérience. Pour la suite, c’est positif pour lui ».
« Il peut encore se passer pas mal de choses », Jérôme Gannat
Mercredi, le changement de terrain était radical pour la première grande explication en vue du classement général, sur les pentes et au sommet du mythique Passo dello Stelvio (22 km à 7%), abordé après cent bornes de course. « Il y avait une échappée intéressante, mais ça a roulé derrière puis on a eu droit à une grosse course de côte, relatait Jérôme. Jumbo-Visma était en surnombre et a dominé l’étape. Thibaud a déraillé après deux kilomètres d’ascension et a été un peu retardé. Brieuc, notre leader pour le classement général, a fait une belle montée, régulière. Dans les petits lacets à mi-pente, il y a eu une accélération alors qu’ils n’étaient plus que 18 dans le peloton, et il n’a pas pu suivre. Il est alors monté à son rythme avec quelques autres coureurs. Il pensait simplement avoir usé trop d’énergie pour se positionner dans la vallée ». Au sommet de ce mythe du cyclisme transalpin, le jeune Breton de 20 ans s’est tout de même doté d’une solide quinzième position, à 3’29 du vainqueur Johannes Staune-Mittet. Colin Savioz a lui terminé à la 29e place alors que « La Conti » a perdu un élément en la personne de Noah Hobbs, disqualifié comme 23 autres concurrents pour s’être un moment accroché à une voiture suiveuse. « Nous acceptons la sanction, affirmait Jérôme. C’est une mauvaise image. Il s’est excusé auprès de l’équipe, du staff et des autres coureurs. Dans la difficulté du Stelvio, il a eu ce moment d’égarement et a suivi le mouvement des coureurs qui était avec lui, mais il connaît le règlement. Il n’y a donc aucun recours et il n’y a rien à dire ! C’est une bonne leçon pour l’avenir et pour tous ces jeunes. En Italie, on a trop fermé les yeux face à ces attitudes déplorables ».
La formation bisontine va donc entamer ce jeudi la deuxième partie de Giro avec seulement quatre coureurs, mais avec encore de vraies ambitions. « On va essayer de se rapprocher du top-10 au général, concluait Jérôme. L’étape de samedi est très difficile mais avec des bosses moins longues qui pourront peut-être mieux convenir à Brieuc. Il peut encore se passer pas mal de choses, mais je pense qu’il y aura des opportunités d’échappée pour les autres coureurs. On est dans une course Espoirs, qui peut être décousue et il y aura sans doute un peu de fatigue après le Stelvio ».
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