Un an plus tard, le voilà quatre rangs plus haut. Déjà présent sur la Mercan’Tour Classic Alpes-Maritimes la saison dernière car promu de « La Conti », et alors au service de David Gaudu, Lenny Martinez a cette fois eu sa carte à jouer dans cette course d’un jour montagneuse. À l’occasion de la troisième édition de l’épreuve, le jeune grimpeur de 19 ans a longtemps accompagné le groupe des favoris à travers les différentes difficultés, puis a signé une convaincante quatrième place au sommet du Col de Valberg pour son retour à la compétition.
Entouré de David Gaudu, Thibaut Pinot et Sébastien Reichenbach la saison dernière sur la Mercan’Tour Classic Alpes-Maritimes, Lenny Martinez approchait ce mardi l’édition 2023 en tant que leader unique, sur un parcours tout aussi difficile. Plus de 4500 mètres de dénivelé étaient en effet répertoriés entre Puget-Théniers et Valberg, sur tout juste 170 kilomètres de course. Le jeune homme embrassait volontiers ces responsabilités, et ses coéquipiers – cinq anciens « Conti » et Matthieu Ladagnous – étaient tout aussi enthousiastes de se mettre à son service. « Ils avaient envie de favoriser les desseins de Lenny, et dès le départ on a pris les choses en main, expliquait Philippe Mauduit. C’était à leur demande, et j’aime bien cette attitude, donc je les ai confortés dans cette optique. Ils ont d’abord bien filtré l’échappée, contrôlé les équipes plus dangereuses et laissé sortir celles qui l’étaient moins, puis ils ont tout de suite commencé à rouler. Au bout de quarante kilomètres, on a reçu l’aide d’autres équipes ». Pascal Eenkhoorn (Lotto Dstny), Mathis Le Berre (Arkéa-Samsic), Gleb Brussenskiy (Astana Qazaqstan), Jordi López (Equipo Kern Pharma), Fabien Grellier (TotalEnergies), Rasmus Søjberg Pedersen (CIC U Nantes Atlantique), Xavier Cañellas et Alejandro Ropero (Electro Hiper Europa) ont pu se doter d’un avantage maximal de six minutes, mais dans la longue portion menant à la première difficulté du jour, le Col de la Colmiane (7,6 km à 7%), Sam Watson s’est attaché à maîtriser l’écart. Après 90 kilomètres de course, le peloton a franchi le premier sommet quatre minutes derrière l’échappée et s’est alors dirigé vers le second obstacle de la journée, le Col de la Couillole (16 km à 7,3%).
« Ils iront gagner de belles et grandes courses avec la mentalité qui est la leur », Philippe Mauduit
En tête, Jordi López s’est isolé, et dans le peloton, la sélection s’est enclenchée sous l’impulsion de Matthieu Ladagnous et Lorenzo Germani. « Au pied de la Couillole, les gars ont trouvé que le rythme n’était pas assez rapide, donc ils ont mis un petit coup de gaz, confirmait Philippe. On sent leur fougue et leur jeunesse, et je n’avais pas envie de brider tout cela. Ils m’avaient dit au briefing : « de toute façon, on ne pourra pas aider Lenny dans la dernière montée, alors autant servir à quelque chose en amont ». Ils l’ont très bien fait. Il ne faut pas réfréner ce tempérament, c’est quelque chose qu’ils doivent absolument garder. Ils vont prendre de la maturité, de la force, de l’expérience, et quand ils auront tout ça, avec la mentalité qui est la leur, ils iront gagner de belles et grandes courses. Il est hors de question de leur dire non et de temporiser. On a confiance en Lenny, donc on fait tout pour Lenny ! Ils ont mis le couteau sous la gorge du peloton au pied de la Couillole. Ensuite, Lenny s’est certes retrouvé assez rapidement esseulé mais on s’attendait à ce scénario et ça ne l’effrayait pas. Quand je suis monté le voir un peu avant de passer à Valberg une première fois, il était tranquille, je le sentais confiant ». En raison d’une journée sans, Reuben Thompson n’a pu accompagner son collègue au sommet du col de la Couillole, où le grimpeur de poche figurait comme le seul coureur de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ dans un peloton d’une vingtaine d’unités.
« On reviendra plus forts », Lenny Martinez
Au premier passage à Valberg, le dernier rescapé de l’échappée a été avalé et les coureurs ont encaissé une brève mais violente averse. Dans la descente, Lenny Martinez a néanmoins assuré sa place dans le peloton de tête, qui s’est ensuite attaqué au Col de Valberg, justement, par un autre versant (12,4 km à 7,2%). Déjà à l’œuvre depuis le sommet de la montée précédente, la formation EF Education-EasyPost a continué à durcir, le peloton s’est réduit à une dizaine d’hommes, puis Richard Carapaz a lancé l’offensive décisive à sept bornes du sommet. Lenny Martinez a bien tenté de prendre en chasse l’Équatorien, mais a finalement dû prendre place dans un trio de poursuivants à la lutte pour le podium. « Toute l‘équipe a fait un bon travail, chacun avait un rôle défini et je les remercie de leur super boulot, initiait Lenny. Puis ça s’est fait à la pédale, d’abord dans la Couillole puis dans la dernière montée. Je me suis accroché autant que j’ai pu, j’arrive au sprint pour la troisième place et je fais quatrième. Huitième l’an passé, quatrième cette année, on reviendra sûrement plus forts l’année prochaine ». Derrière Carapaz et Felix Gall, Lenny Martinez a bataillé avec Lennert Van Eetveelt, une connaissance des rangs espoirs, et l’Espagnol Cristian Rodriguez. « Lenny tombe sur des coureurs plus forts, mais il n’est pas très très loin et il ne faut pas oublier que c’était une course de rentrée, soulignait Philippe. C’est de bon augure pour les semaines qui arrivent. On aurait évidemment préféré le voir lever les bras sur la ligne, mais les mecs devant lui ont tout de même des références. On n’a pas à rougir de cette quatrième place. Surtout, c’est bien de faire quatrième avec l’état d’esprit et la volonté qu’ils ont mis ».
Ce mardi, Lenny Martinez s’est octroyé son quatrième top-10 de la saison et s’apprête désormais à prendre la direction du Critérium du Dauphiné. Le tout après une belle journée avec ses anciens acolytes de La Conti, et Matthieu Ladagnous ! « C’est vraiment un plaisir de faire des courses avec ce groupe, concluait Philippe. C’est plein de vie, ça ne se pose pas de questions, il n’y a pas d’appréhension. Ils tapent dedans, ils ont plein d’envie, plein de fougue. C’est rafraîchissant et c’est vraiment du bonheur ».
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