Un Giro accompli, des adieux réussis

C’est dans un décor mythique, à deux pas du Colisée, que Thibaut Pinot a fait ses adieux au Tour d’Italie ce dimanche. Mais c’est surtout par la grande porte que le Franc-Comtois de désormais 33 ans a quitté sa toute dernière « Corsa Rosa ». Au bout de trois semaines agitées, comme un écho à son histoire avec l’épreuve, le leader de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a néanmoins rempli presque tous ses objectifs. Excellent cinquième du classement général final, il est également monté sur le podium à Rome pour y recevoir la « maglia azzurra » de meilleur grimpeur, le tout cumulé à deux tentatives presque abouties de victoire d’étape. Thibaut Pinot aura été acteur de son dernier Giro, et c’est bien ce qu’il était venu chercher. Il permet aussi à l’équipe de repartir d’Italie avec un bilan très positif, qui plus est agrémenté des deux jours en rose de Bruno Armirail.

De la frontière slovène samedi soir, le Giro devait retrouver la capitale transalpine dimanche en début d’après-midi pour le tout dernier acte de sa 106^ème édition, renversante dans ses derniers instants. Les coureurs ont ainsi pris leur envol depuis Trieste dimanche matin pour rejoindre Rome, où une étape de 126 kilomètres sans vraies difficultés les attendait. Une étape « à la Champs-Élysées », où le peloton a d’abord pu célébrer la fin imminente de l’épreuve quand certaines individualités savouraient déjà leur succès. Passés les coupes de Prosecco et les clichés, la « véritable » course a débuté une fois sur le circuit final, à environ soixante-dix kilomètres de l’arrivée. Maxime Bouet (Arkéa-Samsic), Toms Skujins (Trek-Segafredo) et Cesare Benedetti (Bora-hansgrohe) ont formé l’échappée, et ont entretenu leur escapade jusqu’au son de cloche annonçant la dernière boucle de treize kilomètres. Ignatas Konovalovas et Fabian Lienhard ont progressivement remonté Jake Stewart en vue du sprint attendu, et le jeune Britannique est ensuite parvenu à se faire une place de choix à quelques hectomètres de la ligne. « On avait quelques petites craintes par rapport au parcours compte tenu de ce qui s’était produit en 2018, resituait Sébastien Joly. Par bonheur, il était légèrement modifié et les parties plus techniques étaient de meilleure qualité. Ça nous a permis d’assister à une belle fête dans une arrivée sublime. Jake était très bien placé dans le dernier kilomètre, et il est venu prendre la sixième place, soit son meilleur résultat sur le Giro. C’est bien, mais le plus important est qu’il ait terminé son premier Grand Tour. On sait à quel point ça va l’aider pour le futur ».

« J’ai fini mon histoire avec le Giro du mieux que je le pouvais », Thibaut Pinot

Pratiquement en tête de paquet lorsque le sprint a démarré ce dimanche, Jake Stewart a vu son compatriote Mark Cavendish ravir la victoire, alors qu’une vilaine chute s’est produite juste dans sa roue. Aucun coureur de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ n’a été impliqué, et Thibaut Pinot a notamment pu officialiser sa cinquième place finale à son passage sur la ligne : un accomplissement certain pour sa dernière année dans les pelotons. Pour autant, c’est le maillot bleu du classement de la montagne qui lui a permis, en début de soirée, de participer pour la toute première fois à la cérémonie finale du Giro. En redescendant du podium, le grimpeur de Melisey avait naturellement le sourire aux lèvres. « J’ai vécu un Giro avec plein d’émotions, mais aussi beaucoup de stress aussi car j’avais envie de bien faire, confiait-il. La dernière image qu’on avait de moi sur le Giro, c’était mon abandon la veille de Rome en 2018. J’ai vraiment fait ce que j’avais à faire. J’étais venu ici pour bien finir mon histoire avec le Giro, et je l’ai finie du mieux que je le pouvais. J’avais trois objectifs, et il ne me manque que la petite victoire d’étape, qui aurait rendu ce Giro parfait, mais je suis vraiment content. Ça reste un Giro vraiment réussi. Je voulais juste profiter de ce que je faisais. Je pense que c’est ce que j’ai réussi à faire. Il me reste désormais quelques mois pour finir ma carrière en beauté, mais le Giro faisait partie de mes objectifs cette année. Je pense avoir rempli cet objectif ».

« Il y a eu des hauts et des bas, pour tous », Sébastien Joly

Tout juste auréolé de son deuxième maillot distinctif en carrière sur un Grand Tour, Thibaut Pinot a même eu la joie de monter une deuxième fois sur le podium protocolaire de fin d’épreuve, cette fois-ci avec l’ensemble de ses coéquipiers et directeurs sportifs pour recevoir le prix du fair-play. Jake Stewart, Fabian Lienhard, Rudy Molard, Bruno Armirail et Ignatas Konovalovas ont également eu droit à leur reconnaissance, d’autant plus symbolique après trois semaines de course parfois délicates. « La mission est presque remplie avec cette cinquième place au classement général et le maillot de meilleur grimpeur, concluait Sébastien sous forme de bilan. Les deux jours en rose de Bruno et sa seizième place finale sont de très jolis bonus. Si on voulait être gourmands, on pourrait se dire qu’il manque une victoire, mais c’est surtout le comportement de toute l’équipe qu’il faut mettre en avant. Il y a eu des hauts et des bas, pour tous. Chacun a connu des moments difficiles : Thibaut, bien entendu, mais aussi Rudy, Kono, Fabian ou Jake, qui a failli abandonner. On peut tirer un grand coup de chapeau aux coureurs et adresser un grand remerciement au staff qui a fait du très bon travail. C’est aussi important de penser à eux, car c’est également une aventure humaine. C’est passé très vite, et paradoxalement, le départ paraît aussi très loin. Mais cet entre-deux est sans doute dû à toutes les émotions que nous avons vécues ».