En terres belges ce dimanche, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ et Valentin Madouas ont clôturé la campagne Ardennaise 2023 de belle manière. À la suite de résultats mitigés sur l’Amstel Gold Race et la Flèche Wallonne, l’issue a été autrement plus réjouissante sur le quatrième Monument de la saison que constituait Liège-Bastogne-Liège. Au terme d’une course usante, et comme l’an passé dominée par Remco Evenepoel, Valentin Madouas a parfaitement dosé ses forces pour finalement se détacher dans les derniers kilomètres et s’assurer la cinquième place du jour. Une performance majeure qui ponctue un printemps parfois houleux, mais lors duquel il s’est également flanqué d’un podium sur les Strade Bianche. Place désormais à une bonne coupure avant de préparer la deuxième partie de la saison.
Amorcée il y a près de deux mois, la grande campagne des Classiques printanières était sur le point de s’achever ce dimanche. Comme de coutume, c’est Liège-Bastogne-Liège, la plus ancienne d’entre elles, qui faisait figure de point d’orgue. Pour l’Équipe cycliste Groupama-FDJ, il s’agissait aussi de finir en beauté des « Ardennaises » jusque-là perturbées par toute une série de pépins. D’ailleurs loin de son réel niveau en raison d’allergies, comme tout au long de la séquence, David Gaudu était tout de même au départ de Liège, pour l’occasion en tant qu’équipier. « Il ne voulait pas rentrer à la maison, insistait Philippe Mauduit. Il nous a dit qu’il voulait rester avec les copains en ajoutant : ‘’Toute l’année, ils bossent pour moi donc je veux le faire pour eux ici à Liège’’. C’était bien qu’il le fasse. C’est une manière de montrer sa reconnaissance à ses équipiers ». C’est donc ce qu’il s’est appliqué de faire pendant la première moitié de course, alors que son collègue Lars van den Berg s’embarquait dans l’échappée du jour avec Johan Meens (Bingoal WB), Ruben Apers (Team Flanders-Baloise), Jason Osborne (Alpecin-Deceuninck), Mathis Le Berre (Arkéa-Samsic), Paul Ourselin (TotalEnergies), Georg Zimmermann (Intermarché-Circus-Wanty), Fredrik Dversnes (Uno-X), Simone Velasco (Astana Qazaqstan), Alexandre Balmer (Jayco AlUla) et Héctor Carretero (Equipo Kern Pharma). En tête de course, le jeune Néerlandais a compté jusqu’à quatre minutes d’avance avec ses compagnons de fuite, mais en dépit de l’abandon de Tadej Pogacar avant la mi-parcours, l’allure s’est fortement accélérée dans le paquet à une centaine de kilomètres de l’arrivée.
« On n’a pas vraiment de regrets à nourrir », Valentin Madouas
David Gaudu et Matthieu Ladagnous ont livré leurs derniers efforts pour Valentin Madouas, qui a ensuite hésité à lancer la course de loin, à 85 bornes du terme. « Je voulais essayer d’anticiper dans la côte de Wanne, mais quand j’ai vu que ça faisait rouleau-compresseur derrière, je me suis relevé, expliquait-il. Ça ne servait à rien de gaspiller des forces bêtement. Il fallait juste se préserver pour le final. Je me suis focalisé sur le fait de rester bien placé et de garder des forces pour la Roche-aux-Faucons ». Les coureurs ont avalé « la trilogie » Wanne-Stockeu-Haute Levée sans grandes offensives, mais avec une sélection déjà importante par l’arrière. Valentin Madouas était encore accompagné de trois équipiers, et a même récupéré Lars van den Berg au sommet de la côte du Rosier. Au moment d’aborder les cinquante derniers kilomètres, une soixantaine d’hommes à peine demeurait au sein du paquet, et encore un peu moins au franchissement de la côte de Desnié, dernière difficulté avant de prendre la direction de la côte de la Redoute. Comme lors de la dernière édition, c’est ici que la victoire s’est décidée. Remco Evenepoel a attaqué à l’approche du sommet, et s’est débarrassé peu après de son dernier rival Tom Pidcock pour s’envoler vers un sacre en solitaire.
Pour sa part bien placé à l’entame de cette bosse mythique, Valentin Madouas s’est voulu conservateur. « Dans la Redoute, j’ai géré ma montée de sorte à ne jamais basculer trop loin d’un gros groupe, a-t-il assuré. On savait que ça allait se regrouper ensuite et qu’il faudrait donner le maximum dans la Roche-aux-Faucons ». Derrière le champion du monde en tête, c’est donc un groupe d’une vingtaine d’unités qui devait se départager dans l’ultime côte du jour pour les places restantes. Ben Healy et Santiago Buitrago se sont dégagés au plus dur de la pente, puis ont été rejoints par Tom Pidcock dans le faux-plat suivant. En gestion, Valentin Madouas a hésité à l’imiter. « Je regrette presque de ne pas avoir fait le saut dans le dernier faux-plat après la Roche-aux-Faucons, confiait-il à l’arrivée. J’avais de bonnes sensations et j’ai presque une petite frustration à ce niveau-là. C’était très tactique pour le podium et tout le monde était très fort ». Trois hommes se sont ainsi extirpés pour le podium, mais le puncheur breton n’a pas déposé les armes pour autant. « On a ensuite tenté dans le final avec Guillaume [Martin], relatait-il. On a attendu le bon moment et on est partis tous les deux ». Le duo a bien collaboré et pu se présenter dans la dernière ligne droite pour le top-5. Au sprint, Valentin Madouas s’est alors assuré cette fameuse cinquième place. « C’était une course d’usure, difficile, la Soudal-Quick Step a fait un gros tempo pendant toute l’épreuve et je pense qu’on ne pouvait pas faire beaucoup mieux, commentait-il à l’arrivée. On est tombé sur un coureur simplement plus fort. On a bien couru, on n’a pas vraiment de regrets à nourrir ».
« Cette cinquième place nous permet de finir sur une bonne note », Philippe Mauduit
Surtout, un an après son podium dans le Tour des Flandres, le Brestois a donc pris place dans le top-5 de l’autre « Monument » belge. Aucun Français n’avait réalisé cette double performance depuis soixante ans. « Le bilan de ce printemps est correct, expliquait Valentin, notamment malade sur le Ronde cette année. Il y a eu des hauts et des bas. Malheureusement, j’ai chuté sur deux de mes objectifs, les Strade Bianche et l’Amstel Gold Race. J’ai à chaque fois réussi des grosses remontées, mais c’est assez frustrant. Ce top-5 sur Liège-Bastogne-Liège, c’est en revanche mon meilleur résultat sur la course et c’est une très bonne performance pour finir cette campagne de Classiques ». « Cette cinquième place nous permet de finir le triptyque ardennais sur une bonne note et avec de l’optimisme, ponctuait Philippe. Il ne faut pas se chercher d’excuses ni ressasser, mais il est vrai que les trois chutes sur l’Amstel, la maladie de Romain et la maladie de David nous ont quand même bien plombées. On a vu malgré tout que les garçons étaient combatifs, et jusqu’à aujourd’hui, ils ont mis toute l’énergie qu’ils avaient pour aller de l’avant. Cette cinquième place de Valentin récompense tout le travail qui a été fait. Il est vrai qu’on venait avec des ambitions beaucoup plus élevées que celles-ci, mais au vu des circonstances, je serais tenté de dire qu’on est obligés de s’en contenter ». Une grande partie du groupe va désormais observer une bonne phase de récupération avant la préparation des objectifs estivaux.
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