Il avait entamé cette dernière journée au Pays Basque en tant que quatrième du général, et c’est à cette même position que David Gaudu a finalement achevé l’épreuve, ce samedi, au sortir de l’étape reine. En souffrance mais toujours au combat dans le final, le coureur breton a simplement laissé échapper le podium en raison des bonifications octroyées sur le sprint d’arrivée. Quelques semaines après sa deuxième place dans Paris-Nice, le leader de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ s’assure néanmoins un nouveau résultat très probant au niveau WorldTour alors que « ses » Classiques, les Ardennaises, se profilent.
Dernier jour de course, « à peine » 137 kilomètres au programme, 3500 mètres de dénivelé et un classement général resserré. Tous les ingrédients étaient réunis pour, selon les termes du jargon cycliste, observer « un chantier » ce samedi sur le Tour du Pays Basque. Il était donc attendu que la bagarre démarre dès la première difficulté du jour, et cela n’a pas manqué. Quelques grands noms ont tenté de se détacher dès le départ, avant qu’une belle échappée ne se forme dans la montée d’Azurki. Au sein de celle-ci : Bruno Armirail ! Aux côtés d’Emanuel Buchmann, Attila Valter, Steven Kruijswijk, Esteban Chaves, Daniel Martinez, Ruben Guerreiro ou encore Eddie Dunbar, le rouleur occitan a pu se construire un matelas de deux minutes d’avance. « Il y avait tellement de scénarios possibles dans cette dernière étape qu’on avait évoqué le fait que Bruno puisse être échappé afin qu’il passe les difficultés les plus dures à sa main et qu’on l’ait pour le final, expliquait Philippe Mauduit. Ça a bien marché, et après un début de course rapide et usant, Bruno a craqué dans le col difficile à mi-course, mais il s’est fait reprendre par le groupe de David et il s’est accroché. Dans la dernière heure de course, on avait donc du soutien pour David. Il en avait besoin, car on savait qu’il était un peu affaibli depuis trois jours. Il fallait bien l’entourer, et Quentin, Romain et Michael étaient encore là ».
« Je me suis battu avec moi-même », David Gaudu
À la suite d’une première grosse sélection au sein du peloton dans le Krabelin (5km à 9%), David Gaudu était encore accompagné de Michael Storer, puis Romain Grégoire et Quentin Pacher ont pu recoller avant les trois dernières bosses du jour. Le « train » Groupama-FDJ a même pris les commandes avant la montée d’Izua (4km à 9%), la plus difficile du final. « On s’est retrouvé en surnombre dans les trente derniers kilomètres, et on s’est dit pourquoi ne pas tenter, ajoutait Philippe. On l’a davantage fait dans l’optique d’éliminer quelques adversaires potentiels pour le podium. On savait que David n’aurait pas les moyens d’attaquer lui-même, mais on savait aussi que ceux qui jouaient le podium face à lui étaient tout aussi à la rupture. On avait ce petit avantage de pouvoir mettre la pression sur les autres, donc on ne s’est pas gênés. Cela a un peu poussé David dans ses retranchements, mais c’était une bonne chose. De cette façon, il sait que même quand il n’est pas au top, ses copains sont encore là pour le pousser et tenter des choses. C’était intéressant, et cela servira pour le futur ». Dans cette même ascension d’Izua, après le travail de Quentin Pacher, Romain Grégoire et Michael Storer, le leader tricolore n’a donc pu accompagner l’attaque tranchante du maillot jaune Jonas Vingegaard. Le Danois s’est d’ailleurs très vite retrouvé seul en tête, alors que le Breton a peu à peu recollé aux autres favoris, au rythme et dans la souffrance.
« Je me suis battu avec moi-même, c’était un combat mental, expliquait David. Je ne voulais pas lâcher. Je voulais rapporter le podium à l’équipe ». « Cela confirme aussi qu’il est capable de gérer, même quand il est un peu malade ou qu’il a une mauvaise journée, soulignait Philippe. Il y a quelques semaines, il faisait partie des attaquants et tout allait bien, mais être capable de s’accrocher et de sauvegarder des acquis comme il l’a fait aujourd’hui, c’est aussi super important ». Au sommet de l’avant-dernière bosse, le leader de la Groupama-FDJ a donc réussi à basculer avec le reste des favoris, et a encore franchi l’ultime difficulté du jour avec ses principaux rivaux, bien qu’en délicatesse. En tête, Jonas Vingegaard s’est dirigé vers son troisième succès d’étape et la victoire finale alors qu’en contre, de nombreuses attaques ont animé la bataille pour le podium. « C’est un final très tactique, expliquait David. J’ai essayé de me faire oublier au maximum et de laisser les autres faire le travail. Quand j’ai vu qu’on allait jouer la troisième place (derrière James Knox, ndlr), je me suis mis dans la roue d’Higuita que je pensais le plus rapide, mais je n’ai pas réussi à déboiter ». Au bout du compte, c’est Ion Izagirre qui a pris la troisième place du jour, empoché quatre secondes de bonification, et de fait subtilisé la troisième place que David Gaudu occupait provisoirement au général.
« Collectivement, ils ont vraiment maîtrisé leur sujet », Philippe Mauduit
C’est donc dans les derniers mètres de la dernière étape que le Français a laissé échapper ce podium final. « C’est cruel, mais c’est le jeu, soufflait David. Compte tenu de mon niveau cette semaine, faire quatrième est même un peu inespéré. J’ai été embêté avec les allergies toute la semaine, j’étais à la rupture tous les jours et l’équipe a su me soutenir. J’ai tenu grâce à ça et j’ai lutté mentalement. On aurait évidemment préféré terminer troisième mais il y a pire comme bilan que deuxième de Paris-Nice et quatrième du Tour du Pays Basque. La forme était aussi un peu meilleure aujourd’hui, c’est bon à prendre en vue des Ardennaises ». « David revenait de coupure et on savait que le Tour du Pays Basque constituait la dernière préparation pour les Ardennaises, ajoutait Philippe Mauduit. Je pense que le résultat colle à ce qu’on avait annoncé avant l’épreuve. Encore une fois, compte tenu de son état physique, terminer juste au pied du podium, c’est aussi confirmer qu’il est un coureur sur lequel on peut compter. Il sera sans nul doute opérationnel pour les Ardennaises. D’un point de vue collectif, les gars ont montré qu’ils étaient présents et qu’ils n’avaient pas de complexes pour défendre le statut de David. Il nous a manqué un petit quelque chose pour mettre en place une stratégie encore plus offensive, mais Michael, Lars et Matthieu revenaient de blessure. Malgré tout cela, on a vu qu’ils avaient tout de même assuré sur une épreuve toujours très usante physiquement et nerveusement. Collectivement, ils ont vraiment maîtrisé leur sujet ».
1 commentaire
Jac34
Le 8 avril 2023 à 22:59
David est à sa place, car aujourd’hui il ne nous a pas donné l’impression de pouvoir faire mieux. Retenons surtout que dès que la route monte, David répond présent et rien que ça donne du plaisir au spectateur.