Les sprinteurs, et Arnaud Démare en particulier, n’auront rien pu faire ce samedi dans la 114ème édition de Milan-Sanremo. Au terme d’un long crescendo, tout a volé en éclats dans la montée du Poggio, à six kilomètres de l’arrivée, et quatre hommes ont réalisé une nette différence sur le reste de la concurrence. Parmi eux, Mathieu van der Poel s’est montré le plus fort pour conquérir le premier Monument de la saison alors que Kevin Geniets mais aussi Rudy Molard, pour sa première participation, ont terminé à trente secondes, aux alentours de la 30e position.
Au départ d’Abbiategrasso, dans la banlieue ouest de Milan, « La Primavera » portait bien son nom ce samedi. Les conditions de course apparaissaient en effet idéales pour accueillir le premier Monument de la saison cycliste. Milan-Sanremo et ses plus de 300 kilomètres (fictif compris) ont alors débuté peu après 10 heures, et alors qu’une majeure partie du peloton se voulait plutôt calme, neuf coureurs sont allés former la traditionnelle échappée : Alexandr Riabushenko (Astana Qazaqstan), Samuele Rivi, Mirco Maestri (Eolo-Kometa), Samuele Zoccarato, Alessandro Tonelli (Green Project-Bardiani CSF-Faizanè), Negasi Haylu Abreha (Q36.5), Alexandre Balmer, Jan Maas (Team Jayco AlUla) et Aloïs Charrin (Tudor). En revanche, et à l’inverse d’autres années, leur avantage n’a jamais réellement décollé. En lieu et place des 8-10 minutes habituelles, ce sont à peine trois minutes qui leur ont été accordées. « Le fait qu’il y ait neuf coureurs en tête a obligé les équipes de favoris à rouler relativement vite, surtout compte tenu du vent favorable dans le final », expliquait Sébastien Joly. Ainsi, la longue procession de Milan à la côte ligurienne, en passant par le Passo del Turchino, s’est réalisée sur un train relativement soutenu. En arrivant sur le littoral, l’écart demeurait similaire, mais il s’est par la suite progressivement réduit en direction des trois « Capi ». Au moment d’attaquer ce premier enchaînement intense, l’échappée ne comptait plus qu’une minute d’avance. Le Capo Berta a réalisé les premiers dégâts, mais c’est bien l’approche de la Cipressa qui a concentré tous les regards et qui a condamné les fuyards.
« La victoire n’était pas envisageable », Sébastien Joly
Relativement bien placé au pied, Arnaud Démare était encore accompagné de Jake Stewart, Quentin Pacher, Rudy Molard et Kevin Geniets à la bascule, malgré un tempo rapide. « Le vent favorable a donné un final un peu dingue, assurait Sébastien. Ça roulait vraiment super vite ». « La course a vraiment été très stressante à partir du bord de mer, ajoutait Kevin. C’était très dangereux ». Une petite centaine de coureurs a dès lors filé vers le Poggio, qui a été arpenté à toute allure dès les premiers mètres. Le peloton s’est aligné et l’élastique a rompu à un peu plus de sept kilomètres du but. Huit coureurs se sont détachés, puis quatre, puis Mathieu van der Poel en solitaire peu avant le sommet, établissant par la même occasion un temps d’ascension record. En deuxième rideau, les coureurs de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ n’ont pu rivaliser. Sur la Via Roma, le Néerlandais s’est donc imposé en solitaire alors que Kevin Geniets (29e) et Rudy Molard (30e) ont coupé la ligne une demi-minute plus tard. « On a eu du mal à se trouver en équipe et nos placements dans la Cipressa et le Poggio n’étaient pas top, ce qui nous pénalise pour faire un beau final », tranchait Kevin. « Arnaud ne semblait pas au top physiquement et Kevin a été un peu gêné, argumentait Sébastien. Ils étaient nos deux coureurs protégés, mais objectivement, je crois qu’on est tombés sur bien plus forts que nous aujourd’hui. La victoire n’était pas envisageable. Derrière, les gars se sont bien battus, mais c’était un Milan-Sanremo musclé et le Poggio a été monté extrêmement vite. La bonne surprise, c’est Jake qui a réussi à basculer la Cipressa et qui a bien bossé pour son premier Milan-Sanremo ».
« Vraiment content de découvrir cette course », Rudy Molard
Lui-aussi néophyte sur l’épreuve, malgré ses 33 ans, Rudy Molard a pu se mêler à la bataille jusqu’au final et faisait ainsi le récit de cette « première » en début de soirée : « C’était tout de même une longue journée, mais une fois arrivé sur le bord de mer, ça roulait très vite. Je ne m’attendais pas à un final aussi rapide et je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi compliqué de se placer. Je me sentais plutôt bien dans la Cipressa, mais je ne pensais pas que ça allait si vite entre la Cipressa et Poggio, et le placement au pied du Poggio était vraiment compliqué. Je n’ai jamais trouvé l’ouverture pour l’attaquer dans les premières positions, et si on n’est pas devant, on ne peut rien faire. J’ai suivi, mais je ne pouvais pas faire mieux. J’étais beaucoup trop loin au pied pour espérer quelque chose. En tout cas, j’étais vraiment content de découvrir cette course et d’arriver sur le final avec ces endroits mythiques qui ont fait l’histoire de notre sport. La journée d’un Monument est toujours un peu particulière. J’ai essayé de bien profiter de cette course que j’ai toujours regardée à la télé et que j’aime beaucoup. J’ai passé une bonne journée, et même si je n’ai pas fait un super résultat aujourd’hui, ça m’a quand même donné envie de revenir ».
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