À l’occasion du 81ème Paris-Nice cette semaine, David Gaudu a posé des bases à n’en pas douter fondatrices. À la lutte pour le maillot jaune ces derniers jours, le Français a finalement dû s’incliner, les armes à la main, face à Tadej Pogacar ce dimanche. Autour de Nice, le Slovène s’est en effet montré intraitable, et le coureur de la Groupama-FDJ, troisième de l’étape, a dès lors assuré sa deuxième place au classement général de l’épreuve. Il s’agit de la meilleure performance du Breton dans une course par étapes WorldTour d’une semaine, mais aussi du premier podium de l’équipe cycliste Groupama-FDJ au classement final de la « Course au Soleil » depuis Arthur Vichot en 2014 (3e).
Douze secondes. C’est tout juste l’écart qui séparait David Gaudu de la tunique jaune de Paris-Nice ce dimanche matin, avant la traditionnelle étape en forme de « montagnes russes » autour de la cité azuréenne. Il était donc l’heure de lâcher ses dernières forces dans la bataille, sur les 120 kilomètres et cinq cols qui composaient ce dernier acte de la Course au Soleil 2023. Au coude-à-coude avec Tadej Pogacar au sommet du Col de la Couillole samedi, le Breton ne s’interdisait rien avant l’explication finale et l’Équipe cycliste Groupama-FDJ toute entière se voulait ambitieuse à ses côtés. « Le premier objectif était naturellement d’assurer le podium mais le second objectif était de profiter des opportunités, voire de se les créer, pour renverser la situation », exposait Philippe Mauduit. C’est dans cette optique que Stefan Küng s’est glissé à l’avant après le premier col de la journée, soit après une vingtaine de kilomètres. « Le but était de mettre Stefan devant en espérant que ça aille le plus loin possible, précisait David. J’espérais peut-être essayer de sortir ensuite si j’avais de bonnes jambes, mais l’échappée n’est pas allée aussi loin qu’on l’espérait ». Constamment maintenus à moins d’une minute, les hommes de tête n’avaient même plus que trente secondes de marge en débutant la côte de Peille, avant-dernière montée du jour, à cinquante kilomètres du but. Le groupe maillot jaune, à peine composé d’une vingtaine d’unités dont Rudy Molard, Kevin Geniets et David Gaudu, a alors progressivement bouché cet écart.
« Il n’y a rien à regretter », David Gaudu
Stefan Küng a ainsi repris sa place dans le « peloton » après le sommet et en direction de l’ultime ascension de Paris-Nice, le traditionnel Col d’Èze (6 km à 7,6%). Quelques kilomètres avant de l’aborder, David Gaudu a pris la troisième place du sprint bonifications, juste derrière le maillot jaune, lui cédant ainsi deux nouvelles secondes. S’est ensuite très vite présenté le pied du juge de paix de l’épreuve, et après un rythme soutenu dès les premières pentes, Simon Yates a lancé les hostilités à 4,5 kilomètres du sommet. David Gaudu a parfaitement suivi le mouvement, mais n’a en revanche rien pu faire cinq-cents mètres plus loin lorsque le maillot jaune a accéléré. « Je n’avais pas les mêmes jambes qu’hier, donc quand Pogacar est parti, je n’ai pas pu y aller, confiait le Breton. J’ai voulu monter à mon train dans la partie raide car je me méfiais des attaques, puis je me suis accroché jusqu’en haut. Aujourd’hui il n’y avait pas grand-chose à faire. Pogacar était plus fort, bravo à lui ». « On est battus par plus forts que nous, tranchait Philippe. Il n’a pas été question d’ouvertures. Pogacar était simplement plus fort que tout le monde dans la montée finale. Je pense qu’il avait aussi coché l’étape pour asseoir sa supériorité sur ses adverses et enfoncer le clou ». Le Slovène a ainsi établi une nette différence pour basculer dans la descente finale avec un matelas confortable de quarante-cinq secondes.
Au sein du premier groupe de poursuite, David Gaudu a fait le nécessaire pour défendre sa deuxième place au général avant de se laisser porter jusqu’à la ligne par des concurrents engagés dans une lutte pour le top-5. Au bout de cette huitième étape, le leader de la Groupama-FDJ a signé la troisième place et donc scellé sa splendide deuxième place finale. « Il n’y a rien à regretter sur cette semaine, affirmait David. C’est un super résultat. On n’a pas tous les jours l’occasion de monter sur le podium de Paris-Nice ou d’une course par étapes WordTour. Si on nous avait dit ça au départ, on aurait signé. On est contents, l’équipe a été appliquée du premier jour jusqu’à aujourd’hui en passant par le chrono par équipes. Je pense qu’on a montré une grosse force collective et je veux remercier l’équipe de m’avoir fait confiance cette semaine. On a couru pour essayer de gagner, on est simplement tombés sur plus fort que nous. On est sur le podium de Paris-Nice, ce n’est pas si mal ! Beaucoup de belles choses me resteront de cette semaine ». Pour la deuxième fois de sa carrière après l’UAE Tour 2019 (3e), David Gaudu a donc accédé au podium final d’une course par étapes du WorldTour. Il a aussi pris date. « J’ai réalisé cette semaine que je pouvais rivaliser avec les meilleurs à certaines occasions, et il me faudra saisir les opportunités à chaque fois que la forme me le permettra », ajoutait-il.
« Ils ont compris qu’ils n’avaient pas de complexes à faire », Philippe Mauduit
Cette belle semaine, conclue par le meilleur résultat de l’équipe sur Paris-Nice depuis Sandy Casar, également deuxième en 2002, et le premier podium final depuis Arthur Vichot, troisième en 2014, ne pouvait que satisfaire Philippe Mauduit : « À l’occasion de notre debriefing, on n’a pas parlé de regrets. On a surtout mis l’accent sur le fait que les mecs ont fait un super boulot pendant huit jours. Ils ont tous les jours été acteurs de la course, ils ne l’ont jamais subi, ils ont même eu un coup d’avance à certains moments. Collectivement, ça a super bien fonctionné, et David en a pleinement profité. Comme je le disais hier, avoir ce collectif autour de lui contribue à le mettre encore un peu plus en confiance. On dit qu’il n’y pas de grand homme sans grande femme. C’est la même chose. Il n’y a pas de grand leader sans grande équipe. On avait annoncé au départ de Paris qu’on voulait coller au plus près à ce podium. On savait, depuis l’année dernière, que David était tout près des meilleurs, mais il y avait encore un peu de travail à faire pour jouer avec eux. Cette semaine, il a montré qu’il en était capable, pas seulement sur une étape mais sur toute la semaine. Sa régularité est intéressante. On va donc déjà savourer ce qui a été fait sur ce Paris-Nice, retenir toutes les leçons de ce qui a bien fonctionné et insister sur les petits détails qu’on peut améliorer ». C’est quoi qu’il en soit tout un groupe qui ressort boosté de cette « Course au Soleil » étincelante. « Comme le disaient certains d’entre eux ce soir, concluait Philippe, ils ont cette semaine pris des automatismes et compris qu’ils n’avaient pas de complexes à faire. Ils ont montré à la force du jarret qu’ils avaient leur place parmi les 3-4 meilleures équipes et cela va évidemment contribuer à les mettre en confiance en vue des prochaines courses ».
1 commentaire
Jac34
Le 12 mars 2023 à 22:21
Dommage que David ne puisse pas explosé à 100m des arrivées pour faire la différence. Mais ce petit défaut sera je pense corriger par l’encadrement.