David Gaudu grignote du temps

La plus longue étape de Paris-Nice en direction de Saint-Paul-Trois-Châteaux ne restera pas comme la journée la plus animée de la semaine. En revanche, David Gaudu et ses coéquipiers ont parfaitement exploité le parcours pour grappiller quelques secondes. À l’occasion de l’unique sprint intermédiaire de la journée, le Breton a été déposé par Kevin Geniets puis Arnaud Démare pour aller cueillir six secondes de bonifications, juste devant le Picard et Tadej Pogacar. Il demeure second au général, mais à désormais six secondes du Slovène alors qu’une copieuse fin de semaine se profile.

Le profil du départ aurait pu permettre une petite bagarre en début de journée, ce jeudi sur Paris-Nice. Il n’en a rien été. Malgré quelques pentes, seuls deux hommes se sont extraits après une poignée de secondes, et le peloton s’en est immédiatement désintéressé. Sandy Dujardin (TotalEnergies) et le porteur du maillot de meilleur grimpeur Jonas Gregaard (UnoX) sont ainsi partis pour un long périple en tête de course. Un périple néanmoins plus long pour le Français que pour le Norvégien, qui s’est finalement relevé après à peine cinquante kilomètres et le passage des trois premières difficultés. En tête, l’unique rescapé a pu bénéficier d’un avantage maximal de six minutes mais le peloton a aisément géré son affaire avant de le réintégrer à près de 90 kilomètres du but. « Les conditions météorologiques ont dicté la loi au peloton aujourd’hui, expliquait Philippe Mauduit. Il y avait plus de deux-cents kilomètres plutôt rectilignes, et avec un vent plutôt de face. Cela a un peu découragé ceux qui ont l’habitude de se glisser dans les échappées, mais il ne fallait pas trop s’attendre à un autre scénario ». De fait, la journée a été relativement calme dans le peloton pendant une bonne partie du parcours. Pour autant, la tension s’est succinctement accentuée, une première fois à soixante kilomètres de la ligne, à l’approche du sprint bonification situé au sommet d’une bosse de 3500 mètres à 4,5%.

« C’était un petit effort, il ne fallait pas s’en priver », David Gaudu

L’Équipe cycliste Groupama-FDJ a alors montré les muscles. « Les bonifications sont importantes, et on a vu ces dernières années que Paris-Nice pouvait se jouer pour une poignée de secondes, indiquait Philippe Mauduit. Quand on peut aller en chercher une, il ne faut pas la laisser aux autres ». « On était placés pour la faire, on savait qu’il y avait des secondes à prendre donc on l’a faite », confirmait David Gaudu. Un mini-train s’est alors mis en marche. « Il y a d’abord eu un gros travail de Kevin, relatait Philippe. Il a lancé de loin et cela a empêché beaucoup de coureurs de remonter. Après, Arnaud a été magistral ». Le Picard a en effet démarré son effort à cent mètres de la ligne, emmenant dans son sillage son leader breton ainsi que le maillot jaune Tadej Pogacar. « Le fait que Nono se mêle à la fête s’est décidé un peu au dernier moment, mais ça s’est plutôt bien goupillé, ajoutait David. J’ai pu passer à sa gauche, et à vingt mètres de la ligne, j’ai crié à Nono de la laisser car j’étais là. Au final, ça a été un beau coup et c’était sympa à faire ». Le leader de la Groupama-FDJ a donc récolté six secondes, son sprinteur quatre et le maillot jaune deux, permettant au Breton de revenir à six secondes de Pogacar au général. « Le temps qui est pris maintenant n’est plus à prendre. C’était un petit effort, il ne fallait pas s’en priver », complétait David.

Par la suite, le peloton s’est réorganisé, et la dernière montée du jour vent de face n’a opéré aucune sélection, laissant donc présager un nouveau sprint massif. Aux avant-postes dans le final, Arnaud Démare et Miles Scotson n’ont toutefois pu trouver l’ouverture dans les deux derniers kilomètres. « C’était un sprint encore chaotique et compliqué, ajoutait Philippe. La mission est difficile pour Miles et Arnaud. Pour autant, ils se battent et ils essaient. Je suis convaincu qu’ils vont y arriver, mais il faut trouver les bons réglages, et ce n’est pas évident dans des arrivées aussi tumultueuses que celle du jour ». L’Australien a finalement coupé la ligne en seizième position, deux rangs devant l’ancien champion de France. Vendredi, un final plus sélectif est au programme vers La Colle-sur-Loup.