Malgré la poussière toscane, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ n’est pas passée inaperçue ce samedi après-midi, lors des Strade Bianche. En particulier, Valentin Madouas et Romain Grégoire ont livré un superbe final au contact des favoris, après avoir répondu présents lorsque tout s’est emballé à cinquante kilomètres de l’arrivée. Le puncheur breton a même bataillé pour le podium jusqu’à l’approche de Sienne, et s’est d’ailleurs montré le plus fort parmi les poursuivants de Thomas Pidcock, vainqueur. Sur la Piazza del Campo, Valentin Madouas a ainsi signé un nouveau podium dans une Classique WorldTour (2e), après sa troisième place obtenue sur le Ronde l’an passé. Romain Grégoire a parachevé l’excellente journée de l’équipe en prenant place dans le top-10 (8e), pour sa première participation, à tout juste 20 ans.
C’est un soleil resplendissant et des chemins de terres par conséquent secs qui composaient ce samedi le cadre de la 17ème édition des Strade Bianche, troisième Classique WorldTour de l’année, mais sans doute l’une des épreuves les plus attendues de la saison. Le parcours ne différait aucunement des années précédentes, avec une boucle de cent-quatre-vingt-quatre kilomètres autour de Sienne, dont soixante-trois sur ces fameuses « routes blanches » répartis en onze secteurs distincts. La météo, le tracé, le plateau, tout était donc réuni pour une grande explication. « La stratégie pour nous était assez simple, exposait Thierry Bricaud. On roulait pour Valentin et Romain, qui étaient nos deux coureurs protégés car on savait qu’ils pouvaient être présents dans le final, tandis que Thibaut avait plus de liberté ». Mais avant que les figures de proue de l’équipe n’entrent en action, une échappée s’est comme de coutume dessinée. Il aura pourtant fallu près de trente kilomètres à Sven-Erik Bystrom (Intermarché-Circus-Wanty), Alessandro De Marchi (Jayco-AlUla) et Ivan Romeo (Movistar) pour se faire la malle. Le peloton a par la suite levé le pied au point de se retrouver pointé à six minutes à cent bornes du terme. À cheval entre les cinquième et sixième secteurs, Olivier Le Gac a pris les rênes du peloton et permis à ses leaders de se maintenir à l’avant, tout en réduisant la marge de l’échappée.
« Lors de l’attaque de Pidcock, j’ai eu besoin de souffler », Valentin Madouas
À l’entrée de la septième « Strada Bianca » à San Martino di Grania, Valentin Madouas a toutefois été victime d’une chute. « J’étais descendu à la voiture prendre un bidon, j’avais vraiment soif, expliquait l’intéressé. Je me suis retrouvé mal placé pour le secteur et je suis tombé vraiment bêtement. Je me suis retrouvé très très loin, à plus d’une minute du peloton. J’ai dû rentrer tout seul, faire un énorme effort, car il y avait beaucoup de cassures et il fallait faire du slalom entre les voitures ». Grâce à une chasse effrénée, le Brestois a recollé avant l’entrée du toujours crucial secteur de Monte Sante Marie, à un peu plus de cinquante kilomètres du but. « La chance dans son malheur est que la course ne s’est pas mise en route dans le secteur où il est tombé, relatait Thierry. Ça lui a permis de rentrer mais c’était in-extremis. D’ailleurs, il est rentré, et trois kilomètres plus tard, à peine le temps de se replacer que la course a explosé ». Sans surprise, c’est donc une nouvelle fois à Monte Sante Marie que la véritable sélection s’est opérée. Thomas Pidcock a lâché les chevaux en tête, et un peu plus loin, à la sortie du secteur, Valentin Madouas et Romain Grégoire se retrouvaient dans un contre incluant une quinzaine d’hommes. « Lors de l’attaque de Pidcock, j’ai eu besoin de souffler, je ne pouvais pas y aller, expliquait Valentin. J’ai juste voulu m’accrocher au groupe des favoris. Je voulais gérer et en garder pour le final parce que je savais que ça allait être compliqué et car il fallait que je récupère du gros effort que je venais d’effectuer ».
À la sortie du secteur, Romain Grégoire a répondu à une attaque de Mathieu van der Poel, puis c’est Valentin Madouas qui a tenté de s’isoler une première fois en compagnie d’Andreas Kron et Pello Bilbao. Dix bornes plus loin, sept hommes ont rejoint ce wagon de poursuivants, dont Romain Grégoire, alors que l’écart avec l’homme de tête stagnait autour de trente secondes. La situation a demeuré similaire pendant quelques kilomètres avant que le contre ne se disloque en deux parties. Valentin Madouas a accompagné une offensive de Tiesj Benoot et de Rui Costa, puis Attila Valter, Quinn Simmons et Matej Mohoric ont opéré leur retour. Ce groupe s’est très vite rapproché à quinze secondes de Pidcock, sans toutefois opérer la jonction. « Dans le final, ça a été très tactique, il y a eu énormément d’attaques, témoignait Valentin. J’ai essayé d’organiser le groupe au maximum mais les autres ne voulaient pas trop collaborer. Ils préféraient attaquer chacun leur tour. Il fallait ne surtout pas se faire piéger par les Jumbo-Visma, ce n’était pas simple ». « L’idée était que l’échappée tourne bien pour avoir une chance d’aller chercher Pidcock, car on n’a jamais perdu de vue que l’idée restait de gagner, insistait Thierry. Quand l’échappée a explosé de nouveau, Valentin a eu ce petit coup d’avance et les plus frais sont sortis. Pidcock était là, à dix-quinze secondes, et je pensais qu’un des deux Jumbo-Visma allait se sacrifier, ce qui nous aurait facilité la tâche… C’est le jeu, tout le monde en garde un peu en espérant que ça rentre, mais au final, ça ne rentre pas ».
« Valentin avait les jambes pour faire encore mieux », Thierry Bricaud
Dans les quinze derniers kilomètres, Valentin Madouas a ainsi dû répondre à plusieurs attaques, mais Pidcock a lui toujours réussi à maintenir une légère marge en tête. Il est finalement entré dans Sienne avec une demi-minute d’avance, suffisant pour accrocher la victoire. En deuxième rideau, Valentin Madouas a tout lâché dans la montée de la Via Santa Caterina pour aller décrocher une splendide place sur la Piazza del Campo. « Le sentiment est un peu mitigé car je pense que j’avais les jambes pour faire mieux aujourd’hui, livrait le Tricolore à chaud. Ma chute me coûte une meilleure performance. Je suis vraiment très content de cette place sur le podium, ça valide le travail hivernal, mais passer aussi près d’une aussi grande victoire, c’est vraiment dommage. Je veux remercier l’équipe car ils ont fait un super boulot. C’est aussi le premier podium de l’équipe sur cette course, il ne faut pas l’oublier. Ça reste une excellente performance de toute l’équipe, et je reviendrai dans les années futures ». « Valentin sait qu’il est passé à côté de quelque chose parce qu’il avait les jambes pour faire encore mieux que ça, ajoutait Thierry. Ça fait partie des courses de vélo. Il faut que tout soit aligné pour que ça se passe bien, et il manque un petit quelque chose aujourd’hui. C’est tout de même une belle journée, on a vu une belle équipe, qui était bien dans l’action, et qui a presque été récompensée. Car la finalité, ça reste de gagner ».
Illustration de la force collective du jour, Romain Grégoire s’est arraché jusqu’au bout pour obtenir une huitième place pleine de promesses, pour sa première Classique WorldTour en carrière. « Il avait des responsabilités car on savait qu’il avait de bonnes jambes et qu’il pouvait être dans le final, disait encore Thierry. Le dire c’est facile, l’assumer c’en est une autre, et il a très bien assumé. Il lui a manqué un petit quelque chose, dans le final, mais c’est très encourageant pour la suite ». « Je me sentais bien, et quand j’ai des bonnes sensations, ce type de parcours me convient très bien, donc j’ai pu prendre beaucoup de plaisir, savourait le Bisontin de 20 ans. C’est dommage que Valentin ne rentre pas sur Pidcock, car il était vraiment fort. Personnellement, il me manque un poil de jambes pour être dans le groupe de tête, mais je sais que ça viendra. Après la reconnaissance, je m’étais dit que ça allait être une sale journée tellement c’était dur. Mais en fait, j’avais déjà envie d’y retourner dix minutes après être arrivé ! » À l’issue de cette belle journée, également marquée par un sans-faute au niveau des pneumatiques de l’équipe, Valentin Madouas se projetait avec appétit sur les prochaines échéances. « L’objectif cette année est de gagner une Classique WorldTour, assurait-il. J’ai fait troisième, deuxième, et j’espère que la prochaine sera la bonne ! Quant à Romain, je ne me fais pas de soucis. Je sais que d’ici quelques années, voire quelques mois, il pourra jouer la victoire sur ce genre de courses ».
1 commentaire
Christophe
Le 4 mars 2023 à 20:28
Félicitations pour le résultat de l’équipe !