La première explication entre les prétendants au classement général du Tour Down Under s’est tenue ce vendredi. Dans la traditionnelle arrivée de Campbelltown, pimentée par une côte à l’approche de la ligne, Rudy Molard et Michael Storer ont tenu leur rang. Le Français a même passé le sommet à quelques secondes du trio « victorieux », avant d’être rejoint par une quinzaine d’hommes, dont son compère australien. Pello Bilbao a empoché la victoire alors que Rudy Molard, 18e de l’étape à vingt-huit secondes, occupe également la 18e place du général à un rien du top-10. Samedi, la quatrième étape devrait proposer un sprint à Willunga.
Les puncheurs-grimpeurs attendaient impatiemment cette journée, la sachant cruciale pour le général final. En direction de Campbelltown, il n’y avait certes que cent-dix-sept kilomètres à couvrir et un dénivelé positif relativement modéré, mais les dix dernières bornes incluaient la fameuse montée de Corkscrew (2 ,4 à 9%), idéale rampe de lancement pour les attaquants. Or, jusqu’à l’approche de cette difficulté, la course a été plutôt calme. « Le peloton était visiblement un peu fatigué après la nervosité d’hier, et malgré un départ musclé avec une montée de dix bornes, seulement deux mecs sont sortis : Mikkel Honoré et Fabio Felline, introduisait Jussi Veikkanen. Ils ont alors fait un petit rallye à deux en tête de course ». Le duo a pu compter jusqu’à quatre minutes d’avance, mais le peloton a progressivement accéléré dans la deuxième moitié du parcours pour venir les cueillir à vingt-cinq kilomètres de la ligne. S’est alors installée une vraie bagarre de placement avant l’ascension de Corkscrew. « C’est la même approche depuis des années, précisait Jussi. Je l’ai moi-même faite en tant que coureur, c’est pour dire (sourires). Tout le monde la connaissait, et étant donné que ce n’était pas loin de l’hôtel, tout le monde avait fait la reconnaissance. Il n’y avait pas d’effet de surprise et ça a donc amené beaucoup de nervosité. Les gars ont bien négocié l’approche, et Rudy était plutôt bien placé au pied ».
« Du bon Rudy et du bon Michael », Jussi Veikkanen
En vue du final, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ avait aussi gardé ses options ouvertes. « Laurence a fait le plus gros travail de placement, expliquait Jussi. En revanche, on ne voulait pas non plus sacrifier Miles, qui était dixième du général. On voulait voir comment il allait gérer. L’idée était plus de profiter des bonnes ouvertures pour se replacer, il n’y avait pas besoin de mettre toute l’équipe au travail. Puis on savait que Rudy, notamment, avait les capacités physiques et l’envie de briller ». Dans la première partie de l’ascension, Michael Storer s’est d’abord hissé dans les premières positions lorsque le peloton s’est étiré et a explosé. Mais alors que Jay Vine, Simon Yates puis Pello Bilbao se faisaient la malle à l’approche du sommet, c’est Rudy Molard qui se retrouvait en poursuite immédiate dans un trio. « On a eu du bon Rudy et du bon Michael, assurait Jussi. Rudy n’a pas basculé très loin du trio de tête, qui était malgré tout une jambe au-dessus du reste ». Les hommes de tête n’ont pas été revus, mais Rudy si, par un groupe d’une quinzaine d’hommes comprenant Michael Storer. « On connaissait le schéma de l’arrivée, ajoutait Jussi. On sait que ça se regroupe souvent dans les 3-4 derniers kilomètres, et c’est ce qu’il s’est encore passé. On a voulu prendre ce petit avantage au sommet par rapport à la concurrence, mais ça n’a pas été suffisant. C’est dommage, mais les places de cinq à vingt se tiennent en une poignée de secondes ».
Rudy Molard (18e) et Michael Storer (21e) ont ainsi terminé à 28secondes du vainqueur Pello Bilbao. Au général, le tricolore est le mieux positionné, au dix-huitième rang à 1’04 du nouveau leader Jay Vine. Paul Penhoët, quant à lui, s’est joliment accroché pour achever la journée en 32e position, au sein d’un deuxième groupe de poursuite. « Aujourd’hui, il devait courir au feeling et sans griller de cartouches en vue de l’étape de demain, reprenait Jussi. Il se sentait bien, donc on n’allait pas le freiner. Au contraire, ça le rassure vis-à-vis du niveau WorldTour et ça lui donne des repères pour la suite. Il a très bien fait de se tester dans une montée comme celle-là. Matthews n’est pas très loin devant, Groves est avec lui, c’est plutôt bon signe et ça confirme ses capacités ». Le jeune homme sera de nouveau sur le pont demain, avec un final à Willunga, pour l’occasion promis aux coureurs véloces. « Cette fois, on arrive au pied, concluait Jussi. On a fait la reconnaissance de l’étape et le final en faux-plat peut avantager Paul. On pense à cette étape depuis plusieurs jours. Alors forcément, ça nous donne envie ».
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