Régulier et souvent placé, Valentin Madouas n’avait pourtant pas encore levé les bras en 2022. C’est désormais chose faite ! Ce dimanche, le puncheur breton est venu concrétiser son gros niveau affiché cette saison avec une victoire sur le Tour du Doubs. Parmi les meilleurs dans l’ultime difficulté du jour, le jeune homme de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a finalement anticipé un sprint en petit comité pour s’octroyer son troisième succès professionnel. Stefan Küng (7e) et Kevin Geniets (10e) ont également pris place dans le top-10.
Entre Morteau et Pontarlier, le peloton s’attaquait ce dimanche à l’un des dénivelés positifs les plus élevés de la Coupe de France de cyclisme. Il était en effet de près de 3000 mètres sur la quatorzième manche que constituait le Tour du Doubs. Autour de Valentin Madouas, Stefan Küng, Kevin Geniets, Michael Storer, mais aussi Romain Grégoire et Lenny Martinez, la Groupama-FDJ avait donc de belles cartes à jouer. « Il y avait deux options au départ, présentait Benoît Vaugrenard. Soit une échappée de 4-5 coureurs se développait rapidement, ce qui s’est produit, soit il y avait de la course pendant 80 kilomètres. Compte tenu de l’équipe qu’on avait sur le papier, la première option ne nous arrangeait pas spécialement, car on savait que ça allait rouler tempo derrière et que ça pouvait se finir avec un sprint en petit comité. Même si on avait une belle équipe, il y avait plus rapide que nous au sprint. On a donc un peu laissé faire. On a mis la pression sur les autres équipes. Avec les coureurs, on a ensuite pris la décision de rouler, mais pour franchement durcir. Au kilomètre 75, il y avait une belle bosse de cinq kilomètres à 6% de moyenne. C’était un beau terrain pour le faire, et Lenny était très motivé. Avec ses qualités de grimpeur, il a réduit l’écart de neuf à quatre minutes sur l’échappée ». Un temps annoncés à dix minutes, Samuel Leroux (Go Sport-Roubaix Lille Métropole), Jago Willems (Bingoal-Pauwels Sauces-WB), Tim Torn Teutenberg (Leopard Pro Cycling), Arnaud Tendons (Tudor Pro Cycling Team), et Léo Danès (Team U Nantes Atlantique) ont donc été ramenés à portée de fusil à l’approche de la mi-course.
« Notre objectif était de durcir, attaquer, attaquer, et encore attaquer », Benoît Vaugrenard
Ce n’était toutefois que le début des hostilités. « On voulait créer une course de mouvements pour ne plus avoir à rouler et avoir un coup d’avance, insistait Benoît. Un coup est sorti avec Michael, un autre avec Stefan, et on avait toujours quelqu’un devant. Il restait ensuite soixante bornes de plat pour rejoindre les difficultés du final, et je voulais absolument avoir un coureur devant pour ne plus avoir à rouler. Romain a bien senti le coup, et il est ressorti avec Pierre Rolland. On a mis la pression sur les autres équipes, qui ont été obligées de rouler ». Le futur pensionnaire de la WorldTeam a rejoint l’échappée matinale à 80 kilomètres du but et a ouvert la route pendant une cinquantaine de bornes. « On a fait une course d’attaquants, soulignait Valentin. Romain a placé une grosse attaque et est rentré devant. Grâce à lui, on a pu attendre dans le peloton et bien se reposer pour le final. C’était vraiment top ». Malheureusement, au pied de l’avant-dernière côte du jour, à La Vie Petitjean (3km à 5%), le récent vainqueur d’étape sur le Tour de l’Avenir a été victime d’une chute. « C’est le point négatif du jour, disait Benoît. Romain a fait une excellente course, et ça nous a bien aidé pour le final. Il était encore devant avec trente secondes mais il a touché la roue d’un concurrent à la suite d’un petit manque d’attention. Il a le genou écorché, mais ça devrait aller. Il était surtout très déçu car il avait encore 30 secondes et c’est toujours embêtant de tomber à ce moment-là. On espère qu’il se remettra assez vite, surtout en vue des championnats du monde ». Le « régional » de l’épreuve a donc dû abandonner les avant-postes, mais ses coéquipiers l’ont parfaitement suppléé lorsque la sélection s’est opérée dans le peloton.
Une petite trentaine d’hommes s’est donc dirigée vers la montée finale du Larmont, à une dizaine de kilomètres de la ligne, et la Groupama-FDJ était quasiment au complet. « Il y avait encore un peu de monde dans le final, et de très bons coureurs, reprenait Benoît. Notre objectif était de durcir, attaquer, attaquer, et encore attaquer dans la dernière bosse. Michael est sorti le premier, puis Valentin y est allé ». « On est sortis à quatre avec Cosnefroy, Gilbert et Thomas, mais on s’est fait rattraper par un petit groupe avec Kevin et Stefan au début de la descente », complétait Valentin. « J’avais dit à Stefan qu’il pouvait aussi faire la descente et aller gagner, poursuivait Benoît. Il a essayé, il a pris dix mètres mais Biniam Girmay était bien dans sa roue ». Une douzaine de coureurs étaient donc encore présents pour se jouer la victoire dans les rues de Pontarlier. « À 800 mètres, j’ai vu une ouverture pour attaquer, racontait Valentin. Je suis arrivé avec de l’élan et je suis vraiment bien sorti. C’était en faux-plat descendant, il fallait donc vraiment pédaler très fort. Je me suis fait vraiment très mal pour aller au bout, mais j’y suis arrivé. J’étais un peu déçu de ma performance à Plouay, car je n’avais pas assez osé. Je me suis dit que j’allais tenter le tout pour le tout, quitte à me faire rattraper. Ça a marché, c’est vraiment super ». Grâce à ce mouvement bien senti, le Breton a même pu se relever quelques mètres avant la ligne pour célébrer sa victoire devant un petit groupe comprenant Stefan Küng (7e) et Kevin Geniets (10e). Lenny Martinez (14e) et Michael Storer (17e) ont fini quelques instants plus tard.
« Il me manquait une victoire », Valentin Madouas
« Cette victoire est d’abord une récompense pour les coureurs, qui ont pris l’initiative et qui marchaient tous bien aujourd’hui, saluait Benoît. Ils étaient toujours en surnombre. On n’avait pas été récompensés au Limousin, bien qu’ayant durci. On a fait un peu la même chose ici. Ce n’était pas gagné, mais il fallait tenter compte tenu de l’équipe qu’on avait. C’est top. Bravo aux coureurs qui ont fait une très belle course, très offensive, et conclue par la victoire ». « L’équipe a fait un super boulot aujourd’hui, confirmait Valentin. On était présents dans tous les coups, et on était encore trois dans le final. Physiquement, on était vraiment très forts, on a pesé sur toute la course. On a fait une belle course collectivement. On est passés à côté de quasiment toutes nos Coupes de France cette année, et c’est super de pouvoir enfin en gagner une ». S’il s’agissait bien d’une première pour l’équipe dans le calendrier de la compétition hexagonale cette saison, c’était aussi une grande première pour Valentin Madouas en 2022. « J’avais fait une saison très complète jusque-là, mais il me manquait une victoire pour prouver que j’avais passé un cap et que je savais aussi gagner », lâchait le Breton. « Valentin a fait une grosse saison, de grosses performances, mais on sait bien que la victoire, ça reste la victoire, ponctuait Benoît. Il tournait autour depuis quelques semaines. Je me disais bien que ça allait le faire à un moment donné, et ça arrive idéalement avant la fin de saison ».
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