C’est un début de Tour de France décidément presque parfait pour David Gaudu. Après quasiment une semaine de course, le jeune Breton demeure totalement dans le match, et il l’a prouvé une nouvelle fois à Longwy ce jeudi. Dans un final accidenté où les favoris ont dû batailler, le leader de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ est allé chercher la troisième place de la sixième étape, derrière le vainqueur et nouveau maillot jaune Tadej Pogacar. À la veille d’un premier test en montagne à la Super Planche des Belles Filles, David Gaudu s’est non seulement offert son premier podium d’étape sur le Tour, mais est également remonté au dixième rang du classement général.
Une longue journée se profilait au-devant des coureurs ce jeudi sur les routes de la Grande Boucle, à l’occasion de l’étape la plus étendue de cette édition 2022. Près de 220 kilomètres figuraient au menu entre le départ de Binche, en Belgique, et l’arrivée à Longwy, en Meurthe-et-Moselle. Ceci dit, le temps est passé plus vite que prévu à l’occasion des deux premières heures de course, couvertes à plus de 50 km/h de moyenne. En cause, la bataille pour l’échappée, ininterrompue pendant près de quatre-vingts kilomètres. « Ça a été une étape extrêmement éprouvante, nerveuse du départ jusqu’à l’arrivée », assurait Philippe Mauduit. Et finalement, seuls trois hommes ont pu s’extirper à la suite de ce départ de folie, dont le maillot jaune Wout van Aert (Jumbo-Visma), accompagné de Jakob Fuglsang (Israel-Premier Tech) et Quinn Simmons (Trek-Segafredo). « On ne savait pas ce matin si l’échappée allait gagner ou non, mais une fois qu’on a vu qu’il y avait trois coureurs devant, on pouvait imaginer que la gagne se jouerait dans un peloton réduit, poursuivait Philippe. C’était donc un scénario presque classique, malgré tout ». Au sein d’un peloton qui a tâché de ne pas laisser trop de champ au trio de tête, la consigne dans le clan Groupama-FDJ ne variait aucunement vis-à-vis des jours précédents. « Il était important de courir autour de David toute la journée, et c’est ce que les gars ont réussi à faire », ajoutait encore Philippe. « La semaine s’est bien déroulée jusqu’ici, l’équipe a fait un énorme boulot, saluait David. On sait ce qu’on doit faire, on est concentrés. Tout le monde amène sa pierre à l’édifice et tout le monde s’entraide. J’ai une super équipe sur le papier et sur la route. Ce n’est que du plaisir et que du bonheur ».
« Il n’y a pas à rougir », David Gaudu
Dans la seconde moitié de course, le peloton s’est organisé sous la houlette de plusieurs équipes pour réduire progressivement un écart relevé à quatre minutes au maximum. Le trio de tête est devenu duo avant même la dernière heure de course, puis Van Aert a tenté de résister seul dans les trente derniers kilomètres. Tout Van Aert qu’il est, il n’a toutefois pu tenir tête au peloton, qui l’a non seulement revu mais décroché à dix bornes du terme, dans la deuxième des quatre côtes du final. La bataille s’est alors initiée dans le paquet, qui a d’abord observé une sélection par l’arrière avant que Tadej Pogacar ne se teste une première fois dans la côte de Pulventeux (800m à 11%). Dans sa roue, David Gaudu ! Le Breton a même esquissé un contre à l’approche de la bascule avant qu’une trentaine d’hommes ne se regroupe pour l’arrivée à Longwy. La montée finale (1,6 km à 6%) s’est alors effectuée à un rythme élevé, sans attaque, et tout s’est donc joué au sprint. « Tout le monde était entamé dans le final, confiait David. Dans le sprint tout le monde avait le ‘’lactique’’. J’ai réussi à prendre la bonne roue au bon moment : celle de Roglic qui a lancé comme à son habitude à 400 mètres, sauf qu’il y avait vent de face et ça s’est écrasé. Il n’y a que Pogacar qui nous explose en lançant à 250 mètres ». Bien placé en tête de peloton, le Breton a livré un sprint très costaud pour venir chercher la troisième place sur la ligne, derrière le Slovène et Michael Matthews, engrangeant ainsi quatre secondes de bonifications. « C’est satisfaisant de faire troisième sur une arrivée comme celle-ci, assurait Philippe. Il y avait une trentaine de coureurs au pied de la ligne droite, ça veut dire que David est avec les tous meilleurs du Tour de France ». « Je pense qu’il n’y a pas à rougir de la performance, disait l’intéressé, mais ça reste une arrivée punchy. C’est demain que ça va compter ».Déjà tourné vers l’arrivée attendue à la Super Planche des Belles Filles, où il avait lancé Thibaut Pinot en 2019, David Gaudu a quoi qu’il en soit acquis son premier podium en carrière sur le Tour de France, à la pédale. Il pointe aussi désormais au dixième rang du général, à 1’02 du maillot jaune. De bon augure avant une première explication au sommet ce vendredi. « Il va falloir récupérer car ça va être difficile, ajoutait-il. Pogacar a pris le maillot, il a déjà gagné aujourd’hui, mais il va peut-être vouloir encore gagner demain. Il faudra être prêt dans les jambes mais aussi dans la tête. Ça fait une semaine qu’on est concentrés mais il ne faut rien lâcher. On espère que tout se passera bien et on fera les comptes demain, puis c’est un nouveau Tour de France qui débutera ». En direction des Vosges, David Gaudu pourra en tous les cas compter sur Olivier Le Gac et Kevin Geniets, tombés ce jeudi, mais sans gravité.
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