Soixante-douze heures tout bonnement exceptionnelles viennent de prendre fin pour Romain Grégoire et la « Conti » Groupama-FDJ. Après ses succès sur Liège-Bastogne-Liège Espoirs samedi et sur le Giro del Belvedere lundi, le jeune homme de 19 ans a ainsi réalisé un triplé en enchaînant ce mardi avec une victoire sur le Gran Premio Palio del Recioto. De nouveau vainqueur en solitaire, le champion d’Europe Juniors continue de s’affirmer pour sa première année chez les Espoirs et apporte à son équipe son neuvième succès de l’année. Déjà.
Deux-cent kilomètres. Ce n’était pas la distance à parcourir ce mardi, mais celle effectuée hier à la suite du Giro del Belvedere pour rejoindre Negrar et donc prendre le départ du Gran Premio Palio del Recioto. Au lendemain de la fabuleuse victoire en solitaire de Romain Grégoire, la Conti alignait donc les mêmes éléments pour une autre épreuve de référence de la catégorie Espoirs, mais avec une approche différente. « On s’est dit ce matin qu’on ne roulerait pas, car on avait gagné hier, et je pense que ce n’est pas toujours à nous de le faire. Les autres équipes doivent aussi assumer, confiait Jens Blatter. Mais plus tu gagnes, plus les autres attendent après toi. Du coup… personne n’a roulé ». Si bien qu’une échappée de cinq hommes a pu se développer et prendre jusqu’à quatre minutes d’avance au fil des nombreux tours du circuit local. « À cinquante kilomètres de l’arrivée, on a donc commencé à rouler, expliquait Jens. C’était soit ça, soit c’était mort. Enzo a roulé le premier, pendant un tour, et a repris deux minutes à l’échappée. On a ensuite connu un moment délicat car un Colombien est sorti du peloton, est revenu sur les échappés, les a lâchés et est parti tout seul. Ça m’a fait un peu peur ». Edgar Pinzon, pour le citer, a même entamé la dernière ascension du jour, la plus difficile (7,3 km à 6,6 %), empruntée à une seule reprise, avec plus d’une minute d’avance. « Heureusement, Lorenzo et Sam ont roulé très fort, puis Romain est parti tout seul », ajoutait Jens. « J’ai eu une super équipe autour de moi, qui a pris la course en main, qui a pris ses responsabilités, confirmait Romain. Enzo Paleni a fait un gros travail toute la course, puis Sam Watson et Lorenzo Germani m’ont mis sur orbite dans la dernière montée ».
« C’est incroyable », Jens Blatter
Le Bisontin s’est alors intercalé en poursuite et a basculé au sommet du col avec une trentaine de secondes de retard. « Le Colombien est tombé dans la descente, a perdu 10-12 secondes selon RadioTour, mais Romain était de toute façon le plus fort, assurait Jens. Quand la chute s’est produite, il restait encore plus de dix kilomètres. Je suis sûr que Romain serait revenu, même sans cette chute. Il a fait une énorme descente, je pense qu’il est aussi habitué à ce terrain du côté de Besançon ». Le jeune homme de la Conti s’est finalement débarrassé de son ultime concurrent à cinq kilomètres de l’arrivée avant de rallier la ligne une nouvelle fois en solitaire, avec près de trente secondes d’avance, et en vainqueur. Son troisième bouquet en quatre jours, et son troisième triomphe dans une course de la catégorie Espoirs, qu’il vient tout juste d’intégrer. « Si je réalise ce que je fais depuis cinq jours ? Oui, mais je ne m’y attendais pas, commentait-il. Je suis vraiment super fier. Chaque course a été différente, mais le point commun a été notre gros collectif ».« Je pensais qu’il était possible de gagner deux des trois courses, mais pas les trois, surtout en quatre jours, disait Jens, abasourdi. C’est énorme. En plus, nous n’avions que quatre coureurs ici. D’autres en avaient huit et avaient donc aligné quatre mecs frais ce matin. Romain, lui, a fait Liège-Bastogne-Liège samedi. Il ne l’a pas seulement gagnée, il l’a animée. Il a encore fait la course hier, l’a emporté, et gagne encore aujourd’hui. C’est incroyable. C’est un phénomène. Je voulais pourtant laisser les options ouvertes pour tout le monde ce matin, mais j’ai appris que dans cette équipe, cette année, tous sont vraiment honnêtes entre eux. Si l’un ne se sent pas à 100%, il se met à 100% à la disposition de l’équipe. Ce n’est pas quelque chose qu’il est facile de faire partout. Il faut une honnêteté de chacun, et c’est leur cas. Il y a chez nous une dynamique que je n’ai jamais connue auparavant. Je savais qu’on allait gagner des courses avec cette équipe, mais qu’on ait autant de victoires après un mois et demi de compétition, je ne l’imaginais pas. Désormais, ça devient presque difficile pour nous, management, de faire les sélections pour les courses, car on sait que tout le monde est super fort et capable de faire des résultats. C’est un problème de riches, mais c’est aussi un vrai challenge ».
1 commentaire
Jac34
Le 20 avril 2022 à 07:21
Jens Blatter est un homme heureux , et les victoires de ses poulains doivent laisser rêveur l’encadrement du World Tour, surtout cette année.