À Charleville-Mézières, la Conti Groupama-FDJ a conclu samedi quatre jours de course de très bonne facture sur le Circuit des Ardennes. Cette fois-ci, les hommes de Jérôme Gannat sont repartis sans victoire, mais ont tout de même fortement pesé sur la course, accrochant quatre top-10 en trois étapes – arrivées à leur terme – et en s’emparant de la deuxième place finale par l’intermédiaire de Reuben Thompson. La dynamique ne faiblit pas.
La première étape du Circuit des Ardennes, tracée autour de Signy-le-Petit, apparaissait peut-être comme la moins difficile de l’épreuve sur le papier. C’est pourtant elle qui a dès mercredi établi les rapports de force pour le reste de la course. « Il y avait du vent, ça cassait un peu de partout, et une chute a finalement tout fait exploser, relatait Jérôme Gannat. Ils se sont retrouvés à vingt-cinq devant, on avait Reuben et Lorenzo mais on avait aussi Finlay et Enzo dans la chute. On aurait évidemment préféré en avoir plus dans le bon groupe, mais ce n’était pas forcément une journée négative. Qui plus est, Reuben avait pris des secondes de bonification en filou. C’était parfait et ces trois secondes étaient importantes ». Au soir du premier acte, le Néo-Zélandais pointait donc au quatrième rang du général alors que Lorenzo Germani se dotait d’une place dans le top-10 de l’étape (9e). À l’occasion du deuxième acte, vallonné vers Sedan, le collectif de la Groupama-FDJ s’est montré bien plus présent que la veille. « Les bosses n’étaient pas énormément sélectives, mais à chaque fois que le peloton se morcelait, on était très bien représentés, notait Jérôme. On en avait toujours cinq. Seul Lorenzo avait manqué le bon wagon, c’est dommage ». Deux hommes ont finalement réussi à s’extraire d’un peloton émietté dans le final alors que Reuben Thompson se hissait à la deuxième place du général, onze secondes derrière le Suédois Lucas Eriksson (Riwal). « Dans cette arrivée de 700-800 mètres à 8%, Eriksson a pris la troisième place, des secondes de bonifications et fait un petit écart sur la ligne qui s’est avéré important pour la suite », détaillait Jérôme. Romain Grégoire se flanquait lui d’une belle quatrième place, soit son meilleur résultat de l’année sur route.
La troisième étape annulée, « préjudiciable » mais « relativement logique »
Le classement général devait grandement s’éclaircir à la faveur du Mont Saint-Walfroy (2,2 km à 8%), une ascension à répéter quatre fois et où était jugée l’arrivée de la troisième étape. Les conditions climatiques s’en sont toutefois mêlées. « Il y avait de la pluie en continu et il faisait très froid, rappelait Jérôme. On a débuté l’étape sous quatre degrés. Ce sont les conditions les plus difficiles qui soient. C’était glacial, et terrible pour les coureurs ». C’est la raison pour laquelle l’étape n’est pas allée à son terme, étant annulée avant même une ascension de Saint-Walfroy. « On était alors dans une position très favorable, racontait Jérôme. Il restait une quarantaine d’unités dans le peloton et on avait encore nos six gars. Ils avaient eux-mêmes pris la décision de rouler, pour faire une sélection mais aussi pour ne pas avoir froid. Ils étaient tous motivés, ils savaient ce qu’ils allaient affronter. Marc était aussi présent, ce qui a pu influencer également (sourires). On aurait voulu faire l’arrivée au sommet du premier passage de la bosse, mais ils ont décidé d’annuler l’étape au km 85. La décision est préjudiciable pour nous, mais les conditions étaient quand même terribles. Je peux comprendre l’organisateur et les autres équipes. Il n’empêche, l’attitude de nos garçons démontre leur engagement, ils étaient en mode guerriers et avaient accepté ces conditions particulières. On était un peu déçus après l’étape, mais l’annulation était relativement logique Même si avec une arrivée au sommet de la bosse, et un classement, cela aurait pu être différent pour nous ».
La troisième journée de course a de fait accouché d’un statu quo au classement général avant l’ultime étape autour de Charleville-Mézières samedi. « Les écarts étaient encore minimes, reprenait Jérôme. Il y avait 2500m de dénivelé, sur 170 kilomètres, et quelques bosses assez difficiles. L’objectif était de faire bouger les lignes ». « Les principales difficultés étaient au début de l’étape, poursuivait Reuben. Les gars ont été parfaits pour me placer, puis Lorenzo a pris les commandes pour durcir la course dans ces bosses. On voulait isoler le leader Ericsson, car il était difficile à prendre en défaut avec toute son équipe à ses côtés. Malheureusement, ils ont été suffisamment forts pour revenir et reprendre le contrôle ». À la mi-course, sur un terrain moins sélectif, la course a pris une autre tournure et Lorenzo Germani s’est plongé dans une offensive au long cours. « Deux coureurs ont attaqué et j’ai choisi de les suivre, car c’était aussi bien pour les autres d’avoir un point de relais, exposait l’Italien. Il restait encore 70 kilomètres, on a bien roulé devant mais le peloton ne nous a jamais laissé plus de deux minutes. Ensuite, d’autres mecs sont rentrés de l’arrière, certains ont pété devant et dans le dernier tour, Marc Frigo est revenu et on s’est retrouvés à trois. Je n’ai pas roulé car j’avais mon leader derrière et les deux mecs avec moi en tête étaient plus frais. J’ai préféré récupérer un peu, je n’ai pas roulé pendant un petit moment. Dans la dernière bosse, à cinq kilomètres de l’arrivée, Frigo a placé une première accélération qu’on a réussi à suivre. Il a accéléré une deuxième fois, le coureur de la sélection suisse s’est écarté et a fait une petite cassure. J’ai perdu quelques mètres, je suis resté à distance toute la bosse mais je n’ai pas été capable de rentrer. Ensuite, la descente n’était pas assez technique pour reprendre du temps ».
« Sportivement, c’est dans la droite lignée du début de saison », Jérôme Gannat
Au terme d’un bras de fer dans les dernières minutes, Marco Frigo a finalement réussi à résister à Lorenzo Germani, pour une poignée de secondes, et le coureur de la Conti a dû se contenter de la deuxième place du jour. « Il ne lui a pas manqué grand-chose pour basculer avec Frigo au sommet de la dernière bosse, mais il n’a pas de regrets à avoir, tranchait Jérôme. Il n’a rien pu faire face à la fraîcheur de Frigo. Il est déçu d’être passé à côté de la victoire, mais c’est tout de même une très belle performance. C’est dommage pour lui car c’est un coureur méritant, qui va dans les échappées et qui fournit un travail toute l’année pour le collectif. Alors, quand tu as des rares occasions de jouer la victoire, c’est naturellement frustrant de passer si proche ». « C’est chouette que Lorenzo ait pu faire un résultat, car il bosse toujours dur pour l’équipe », soutenait également Reuben Thompson. Lui aussi a finalement dû se contenter de la deuxième place, au classement final, après avoir terminé au sein d’un petit peloton avec le leader Lucas Eriksson. « J’ai essayé d’attaquer une dernière fois à vingt-cinq kilomètres pour essayer de gagner le général, disait le Néo-Zélandais. Je suis parti seul, j’ai pris une poignée de secondes, mais je me suis retourné et j’ai vu que la Riwal avait encore trois gars pour rouler. Je n’ai donc pas insisté. Dans le final, le maillot jaune a subi une petite chute et je ne voulais pas profiter de sa mésaventure donc ça s’est juste résumé à un sprint. C’était une bonne journée et une belle course, tous les mecs ont été incroyables à mes côtés : Enzo, Finlay, Lorenzo, Lenny et Romain ».
Ce dernier a d’ailleurs profité de la dernière étape pour signer un nouveau top-5 et remonter au dixième rang du général. « Romain a fait deux fois quatrième, à chaque fois deuxième du sprint du peloton, dans des arrivées difficiles, en bosse, saluait Jérôme. On sait qu’il sera hyper performant sur ce genre de finish. C’est dommage qu’il se fasse piéger le premier jour, mais ça fait partie de la course. C’est quoi qu’il en soit une bonne semaine et on a été présents sur toutes les étapes. On s’habitue aux victoires (sourires), et on revient du Circuit des Ardennes sans gagne. Néanmoins, on ramène une belle deuxième place finale. Sportivement, c’était dans la droite lignée du début de saison : l’équipe est très présente et s’impose dans le peloton. C’est important, et on remarque qu’on est désormais davantage considérés ».
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