Laurent Pichon est unanimement apprécié au sein de l’équipe FDJ. Comme l’a démontré le dernier Circuit de la Sarthe, il est un équipier modèle, facile à gérer, et conscient du rôle qu’il doit jouer. Etre équipier, toutefois, ne signifie pas manquer d’ambition.
Dis Laurent, quand vas-tu gagner une course enfin ?
J’attends ça depuis un moment. Cette année, j’ai passé le cap de la maladie qui a compliqué mon début de saison, je me suis bien soigné et j’ai de nouvelles sensations depuis un mois. Comme le pense Jacky Maillot, peut-être que je traînais cette bactérie à l’estomac depuis un moment et que j’étais fatigué. Il m’a dit ‘’ça va être le jour et la nuit’’ et c’est vrai que c’est le cas. J’y ai cru au Tro Bro Léon…
Tu en as parlé avec Florian Vachon depuis ?
Non, non, on s’est évité… J’ai été bien déçu parce que c’était un de me meilleurs copains quand j’étais chez ‘’Bretagne’’, on faisait chambre ensemble et la façon dont il s’est comporté quand on était échappé tous les deux, les mots qu’on a pu échanger, son comportement m’ont déçu. Je considérais que c’était quelqu’un de bien. Il est venu me faire la bise au départ et après, il fait ça ?
C’est bien toute la difficulté des équipiers que de saisir les occasions, elles sont rares ?
On n’a pas notre chance tous les jours et le fait d’être souvent dans le travail pour un leader fait qu’il y a un manque de repères quand ça se présente. On veut trop bien faire, on se pose trop de questions et on se rate. Au Tour du Finistère j’avais de super jambes, meilleures qu’au Tro Bro Leon. Et voilà, je me suis retrouvé trop tôt bien placé dans le sprint, derrière les Cofidis. Ça ne s’est pas lancé, une vague est revenue de l’arrière, je me suis fait enfermer et c’était fini. Ca ne me serait sans doute pas arrivé il y a trois ou quatre ans quand j’étais plus souvent dans le match. Bon, je me dis que j’ai ma chance dans les manches de Coupe de France. J’espère retrouver mes repères et en gagner une rapidement.
On s’habitue à ne pas gagner ?
Oui forcément un peu. Quand je m’entraîne, je le fais pour être en forme pour mes leaders mais au fond de moi il y a l’espoir de gagner. Si on est arrivé à ce niveau-là, c’est parce qu’on a l’ambition de réussir. Je m’entraîne donc aussi pour essayer de gagner mais je sais aussi le rôle que je dois tenir en fonction de la course que je dispute. Dans la Flèche Wallonne, je bossais pour Arthur (Vichot). Dans le Critérium International pour Thibaut (Pinot) mais, quand je le peux, j’essaie de saisir ma chance.
Combien de fois est-ce possible dans l’année, dix ? vingt ?
Oui c’est ça, à peu près… Il y a les courses de Coupe de France qui me conviennent. Au Circuit de la Sarthe, j’aurais pu la saisir ma chance, je marchais très bien, j’aurais pu penser à moi…
Il faut dire que dans le peloton, il y a beaucoup de coureurs qui auraient fait autrement que d’attendre Marc Fournier un peu en difficulté dans le Mont des Avaloirs ?
Thierry Bricaud m’a tiré son chapeau et ça m’a fait plaisir. Je l’ai fait sans arrière-pensée. Marc Fournier avait fait le plus dur avec son échappée du premier jour. Oui, j’aurais pu penser à moi et faire un podium à titre perso mais pour l’équipe, il fallait assurer la victoire. Je ne me suis pas posé de questions. J’espère qu’on s’en souviendra et que ça puisse me servir aussi un jour.
Tu te plais bien dans cette équipe ?
Oui j’y suis bien. J’aimerais aussi découvrir les plus belles courses et notamment avec Thibaut. J’aimerais faire le Tour et donner tout pour lui. Je sais que la concurrence est rude. C’est mon objectif et si je suis retenu, je sais pourquoi j’irai. C’est logique, quand tu as un leader comme Thibaut, tout est clair.
As-tu le sentiment d’avoir beaucoup progressé depuis que tu es à la FDJ ?
Je le sais grâce aux outils qui sont à notre disposition. Le SRM, même s’il ne faut pas s’en tenir qu’à ça, démontre que depuis que j’ai quitté mon ancienne équipe, fin 2012, j’ai pris de la force, je suis plus solide mais j’ai pris de l’âge aussi. L’an dernier je n’ai pas fait une super saison mais mes tests démontraient que j’avais progressé physiquement. Depuis le début de l’année, j’ai encore passé des caps en travaillant pour mes leaders. Dans le Tro Bro je n’étais pas loin de mes records de puissance. C’est un peu bête de dire ça mais dans ma tête je suis comme un néo-pro qui a envie de tout croquer encore.
Dans le Tro Bro, comme tu dis, même si ça ne s’est pas bien passé avec Vachon, tu as bien dû commettre une erreur non ?
Oui, de vouloir trop gagner. De l’attendre et Florian Vachon le savait. Il savait que j’étais chez moi en plus et il m’a mis la pression. C’est le jeu. J’en ai trop fait. Marc Madiot m’a dit ‘’tu as couru comme un bourricot’’ (rires). C’est vrai que je n’ai pas pensé à Johan (Le Bon) qui était en appui. Peut-être que ça aurait été mieux de redistribuer les cartes. A la limite que Johan reparte devant, que je sois plus à l’affut. Trop d’envies tue l’envie ! La prochaine fois, j’essaierai de réfléchir plus. On s’est retrouvé à 3 et je me suis dit ‘’c’est bon, on va au bout et je les aligne au sprint.’’
C’est une révélation de cette saison, tu es capable aussi de faire de très bons contre la montre (4e de celui du Circuit de la sarthe) ?
Je me suis surpris moi-même. On travaille un peu plus cette discipline mais je n’avais pas trop roulé sur mon vélo de chrono avant le Circuit de La Sarthe. Honnêtement, l’équipe a bien travaillé, on a un super outil. Ce vélo, il est propre, y’a rien qui dépasse, pas un câble. Regarde le vélo, il a de la gueule. On sent que ça peut aller vite. Dessus, on ne se pose pas de questions et on donne tout. Et moi, je viens de la piste, j’y ai été formé et les chronos courts de moins de 10 kilomètres, j’aime bien ça. Ca me rappelle la poursuite. Au fond de moi, depuis que je suis pro, je me disais que je devais faire un truc bien sur un prologue ou un contre la montre court. Et bien, je l’ai fait !
Il t’arrive de rouler sur la piste ?
Je n’y vais plus trop. J’aime bien mais il y a la vie de famille et les clubs qui ouvrent la piste le font en soirée. J’ai autre chose à faire mais j’aimerais bien. S’il y avait un vélodrome couvert chez moi, j’irais souvent. Pourquoi pas refaire le championnat de France ? Kevin Reza va faire le championnat de France de l’Américaine en mai à La Cipale avec Marc Fournier. Je n’ai pas trop réfléchi mais un jour pourquoi pas ? La piste me manque.
Quel est ton programme ?
Les 4 Jours de Dunkerque avant une coupure et puisque normalement je vais disputer le Tour de Suisse, je vais faire un stage en montagne pour mettre toutes les chances de mon côté et pour aider Sébastien Reichenbach à faire un beau classement général. Et puis le championnat de France sur un circuit dur. Enfin pour avoir un bel état de forme en vue d’une éventuelle sélection pour le Tour. Forcément, j’aimerais faire le Tour un jour. C’est clairement mon objectif.
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