La machine est bien lancée. Au lendemain de sa victoire à Évron, le champion de France a récidivé ce samedi lors de la troisième étape des Boucles de la Mayenne, dont l’arrivée était jugée à Craon, à dix kilomètres du fief des Madiot. De nouveau parfaitement protégé et emmené par ses coéquipiers, Arnaud Démare s’est imposé en patron et en a profité pour s’emparer du maillot de leader en raison d’une cassure sur la ligne. Auteur de son cinquième succès de la saison, – le dixième pour l’équipe -, il s’élancera donc en jaune pour le dernier acte vers Laval dimanche.
« Clément nous a fait un super numéro », Arnaud Démare
Sur le papier, la troisième étape des Boucles de la Mayenne semblait encore plus propice à un sprint que la seconde, remportée par Arnaud Démare vendredi. Quatre petites bosses jalonnaient certes l’itinéraire de 182 kilomètres entre Saint-Berthevin et Craon, mais rien de bien insurmontable pour le champion de France et ses coéquipiers. « Ce n’est jamais évident de contrôler la course, mais il est vrai que le parcours nous convenait mieux et qu’on était évidemment plus à l’aise aujourd’hui, commentait Frédéric Guesdon. Ceci dit, il fallait bien courir dans la première partie d’étape en ne laissant pas un gros groupe partir. C’est ce qui s’est produit puisque nous n’avons laissé sortir que quatre coureurs. C’était donc plus simple à gérer. On s’est qui plus est bien entendus avec Uno-X, qui avait les mêmes intérêts que nous ». Bryan Coquard (B&B Hôtels p/b KTM), Jhonatan Restrepo (Androni Giocattoli-Sidermec), Tobias Bayer (Alpecin-Fenix) et Ludovic Robeet (Bingoal-Pauwels Sauces-WB) ont pris les devants après environ vingt minutes de course et l’équipe du leader Philipp Walsleben, représentée à l’avant, n’a donc pas pris la poursuite à son compte.
C’est Clément Davy, le régional de l’épreuve, qui est alors entré en action. « Il a quasiment roulé toute la journée, insistait Frédéric Guesdon. Dès que l’échappée a eu trois minutes, il a commencé à tirer. Il est en bonne condition et il est super motivé car il est chez lui. Ça aide forcément. Pour autant, on ne lui demande pas un boulot qui est évident, il faut pouvoir le faire, et jusque là il l’a super bien fait ». Avec le soutien de quelques individualités, le jeune Mayennais s’est donc assuré que l’échappée ne prenne jamais plus de trois minutes d’avance, puis a haussé le ton dans la dernière heure de course. Lorsque son carburant s’est enfin épuisé, il ne restait plus que six kilomètres à parcourir et l’échappée du jour était alors déjà revue. « Sur ses terres, Clément nous a fait un super numéro, saluait Arnaud Démare. L’échappée a un peu joué avec nous mais on a bien géré et Clément a fait le travail pour deux ». Cela a notamment permis d’économiser Ignatas Konovalovas pour le final du jour. Le Lituanien a ainsi pu mettre le train sur les rails jusqu’à deux kilomètres du but. « Il fallait absolument être devant dans le virage à 1200 mètres, exposait Frédéric. Ça a bien frotté mais Miles a mis en route et a réussi à tenir jusqu’à 700-800 mètres. Il fallait ensuite que Ramon sorte en tête au dernier virage pour lancer Jacopo et Arnaud et c’est ce qu’il s’est produit ». Du tableau noir.
« Il ne faut pas s’arrêter là », Frédéric Guesdon
Jacopo Guarnieri a alors déposé Arnaud Démare peu après la pancarte des 200 derniers mètres et le champion de France a comme la veille fait valoir sa puissance. « Il y avait un bon faux-plat montant, ce n’était vraiment pas facile », assurait l’intéressé malgré sa victoire nette devant Kristoffer Halvorsen. Lauréat pour la deuxième fois en deux jours, le Picard a également obtenu un gain inattendu ce samedi avec le maillot jaune, puisque le leader de l’épreuve a concédé quatre secondes sur la ligne. « Lors de notre premier passage à Craon, j’ai pensé qu’il pouvait y avoir une cassure avec le faux-plat montant et les virages, alors je ne suis pas trop surpris », glissait-il. À la veille de l’arrivée finale, à Laval, Arnaud Démare prend donc la tête des opérations au classement général et tout sourit jusque là au groupe « sprinteurs ». « On fait notre course comme il faut, on prend des automatismes, de la confiance, et tout va bien, ajoutait-il. J’ai gagné plusieurs classements généraux et en voilà un autre à ma portée, donc on va tout faire pour conclure demain ». « On ne va pas se plaindre d’avoir le maillot jaune, même si on ne s’y attendait pas forcément, concluait Frédéric Guesdon. Ça nous évite d’aller chercher obligatoirement des bonifications demain. C’est toujours mieux de courir avec de l’avance qu’avec du retard. On est en confiance, mais il ne faut pas s’arrêter là pour autant ».